QUESTIONS SUR ORDONNANCE

Madame T., 70 ans

Publié le 06/06/2011
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Le contexte - Voici près de deux ans que Madame T. présente des troubles de la mémoire préoccupants et handicapant. Plusieurs mois auparavant déjà, elle avait des difficultés à se souvenir du nom de ses proches et ne parvenait plus à faire ses courses sans pense-bête. Le diagnostic de maladie d’Alzheimer a été posé il y a six mois, accompagné d’un traitement symptomatique par gélules d’Exélon® (3 mg/j puis 6 mg/j). Les signes de dépression et les troubles du sommeil ont conduit le neurologue à accompagner sa prescription d’un traitement psychoactif. Madame T. et son mari se présentent à l’officine alors que l’ordonnance vient d’être reconduite par leur médecin de famille.

Exélon 9,5 mg/j patch1 patch posé chaque matin, en commençant le lendemain de la dernière prise orale.

Prozac1 gélule le matin

Motilium1 cp avant chacun des repas

Imovane1 cp au coucher

Traitement qsp 1 mois

Quels principes actifs ?

La rivastigmine (Exélon), indiquée dans le traitement symptomatique des formes légères à modérément sévères de la maladie d’Alzheimer, est un carbamate, inhibiteur spécifique, compétitif et réversible, de l’acétylcholinestérase et de la butyrylcholinestérase. Ce médicament est présenté sous forme orale (gélules, gouttes) mais aussi sous la forme d’un patch d’usage très pratique chez le patient sujet à amnésie : le médecin de famille a choisi ici d’adapter la galénique du médicament initialement prescrit par un neurologue.

Le Prozac (fluoxétine), un antidépresseur inhibiteur de la recapture de la sérotonine, limite les manifestations déficitaires induites par la maladie - et par l’annonce de son diagnostic -.

La dompéridone (Motilium) réduit l’incidence des nausées dont se plaint Madame T. depuis le passage à la dose de 6 mg/j d’Exélon.

L’Imovane (zopiclone) est un hypnotique proche des benzodiazépines.

Est-elle conforme ?

Oui.

Y a-t-il des insuffisances et des interactions ?

Aucun des médicaments prescrits ne donne lieu à interaction significative avec la rivastigmine.

Quelles posologies ?

Le médecin de famille a recours à un dosage de rivastigmine trop puissant : Madame T. prenait jusqu’alors 6 mg/j par voie orale. Il aurait dû prescrire un patch à 4,6 mg/j, pour l’augmenter ensuite à 9,5 mg/j, dose journalière recommandée. Ce schéma posologique expose la patiente à un risque d’intolérance. Vous contactez le praticien, qui prend conscience du problème et prie Madame T. et son mari, qui l’accompagne, de repasser à son secrétariat pour faire modifier la prescription.

Quels conseils associer ?

Cette ordonnance, et notamment le recours à la rivastigmine, peut être à l’origine de sensations de vertiges et de somnolence susceptibles d’altérer l’aptitude à la conduite automobile. Il est déconseillé à Madame T. de continuer à utiliser un véhicule et ce d’autant plus que les troubles mnésiques et confusionnels deviennent importants.

Par ailleurs, il faut associer les conseils relatifs à tout usage de dispositif transdermique. Le patch ne doit pas être appliqué sur la cuisse ou l’abdomen car la biodisponibilité de la rivastigmine est alors réduite. Il permet de prendre douches et bains. Il ne faut pas l’appliquer au même endroit avant un délai de deux semaines pour éviter tout risque d’irritation locale.


Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2842