Questions sur ordonnance

M. Jean-Paul T., 68 ans

Publié le 18/03/2013
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Inexplicablement essoufflé au moindre effort depuis quelques mois, Monsieur T. en a fini par devoir abandonner ou presque l’entretien de son jardin. Il a également constaté que ses chevilles sont un peu enflées et que la marque des chaussures s’y « imprime » vite… Le médecin de famille, visiblement inquiet, l’a adressé à un cardiologue qui a diagnostiqué une insuffisance cardiaque de stade NYHA 2 et a procédé à un bilan biologique. Le patient, un peu surpris car il n’a jamais eu jusqu’alors de problème cardiaque ni d’hypertension, qui avait mis cet essoufflement sur le compte de son tabagisme (6 à 8 cigarettes/j), commence un traitement qu’il devra suivre avec assiduité toute sa vie.

Quels principes actifs ?

Triatec a pour principe actif le ramipril, un inhibiteur de l’enzyme de conversion (IEC) indiqué dans l’hypertension artérielle, la néphropathie, en prévention secondaire post-infarctus mais aussi dans l’insuffisance cardiaque.

Lasilix a pour principe actif le furosémide, un diurétique de l’anse : il est ici associé à l’IEC car Monsieur T. présente des signes de rétention hydrosodée.

La substitution nicotinique (Nicopatch, Nicopass) est destinée à faciliter le sevrage tabagique, ici totalement indispensable.

Y a-t-il des insuffisances et des interactions ?

Non. Triatec est prescrit à posologie lentement progressive conformément aux Recommandations.

Il n’y a pas d’interaction entre la substitution nicotinique et le traitement à visée cardiologique.

Il n’y a pas lieu d’être surpris par l’absence de bêtabloquant ici : ce traitement ne sera introduit qu’une fois le patient stabilisé sous association IEC + diurétique, avec une phase de titration qui durera alors entre 4 et 12 semaines.

Et les posologies ?

Elles sont correctes. Il est préférable de répartir la dose en deux prises quotidiennes (AMM) : le pharmacien peut conseiller de casser le comprimé à 1,25 mg et d’en prendre une moitié le matin et une autre le soir. La posologie de 2,50 mg/j au rendez-vous du 19 avril sera progressivement augmentée encore pour atteindre jusqu’à 10 mg/j.

Votre conseil

Monsieur T. ne sera pas étonné s’il se met à tousser (toux sèche) et doit se « racler » la gorge : il s’agit d’un effet secondaire de classe bien connu avec les IEC. En cas de gêne significative, il en parlera au médecin qui pourra lui proposer une alternative (antagoniste de l’angiotensine 2).

Le patient saura reconnaître les signes de surdosage (nausées, hypersalivation, diarrhées, douleurs abdominales, sueur, maux de tête, etc.) et de sous-dosage (besoin de fumer) du substitut nicotinique.

Par ailleurs, il respectera les règles usuelles d’hygiène de vie : ne pas abuser de sel (en particulier éviter la cuisine industrielle et ne jamais resaler un plat). Il n’est pas nécessaire, à ce stade de l’insuffisance cardiaque, de suivre une restriction hydrique destinée aux patients présentant une IC sévère. L’activité physique demeure nécessaire : le médecin conseille, dans l’immédiat, une demi-heure de marche tous les jours.


Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2991