Une piste pour traiter la phobie sociale

L’expérience de l’invisibilité

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Publié le 27/04/2015
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PRENEZ 125 volontaires. Préparez autant de visiocasques relayant des images vidéos en direct et en 3D provenant d’une paire de caméras à placer au niveau des yeux. Orientez les caméras vers le bas pour filmer le vide. Équipez les 125 cobayes de ce dispositif et demandez leur ensuite de regarder leur corps en baissant le regard. Vous obtiendrez alors une belle exclamation synchrone, du type « oh, j’ai disparu ! » ou « je suis devenu invisible ! ». À quoi ça sert, me direz-vous. Pas d’impatience, attendez la fin. Pour parfaire l’illusion de l’invisibilité, les chercheurs en neurosciences de l’Institut Karolinska de Stockholm (Suède) ont eu l’idée d’une curieuse manipulation neurosensorielle. Ils touchaient d’une main armée d’un long pinceau le corps (le vrai) des participants et de l’autre main faisait le même geste dans le vide. Résultat ? En 30 secondes, la plupart des cobayes étaient convaincus d’avoir sur le dos la cape d’invisibilité du jeune Harry Potter, le célèbre apprenti sorcier de J.K. Rowling. Pour vérifier la prégnance de cette sensation virtuelle d’un contact bien réel, ils ont même donné un coup de couteau (dans le vide !) en direction du corps invisible. Le stress a été immédiat, relatent-ils. Mais c’est dans la dernière expérience que l’on comprend, enfin, l’objet de cet étrange protocole. Les candidats à l’invisibilité ont été mis en présence d’un auditoire de personnes inconnues, une situation réputée assez stressante. Et là, surprise, l’illusion de leur corps immatériel semblait protéger les individus contre le stress. Leur pouls était plus bas, leur transpiration moins présente. « Nous pensons que donner l’illusion d’être invisible pourrait être utilisé comme une première étape du traitement non médicamenteux de l’anxiété sociale », explique Arvid Guterstam, coauteur de l’étude publiée dans « Scientific Reports ». Pour ma part, si je disposais du don d’invisibilité, j’aurais plein d’autres idées…

Avec l’AFP.
DIDIER DOUKHAN

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3174