Dès ses premiers contacts avec ce qui va devenir l’affaire Lévothyrox, Claude Pigement sent qu’une « crise d’ampleur » se profile. Découvrant la problématique dans le premier article sur le sujet publié le 16 août 2017 par « Le Parisien », il ne sait alors rien du changement de formulation du Lévothyrox. Il siège pourtant depuis 5 ans au conseil d’administration de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) dont il est le vice-président depuis 4 ans (jusqu’en 2018). Suivant de près l’emballement médiatique, il juge les réponses officielles aussi tardives que la communication sur le sujet est artisanale et teintée d’amateurisme. Il pointe aussi, dans les prises de parole de la ministre de la Santé dès le 31 août 2017 et du directeur général de l’ANSM à partir du 1er septembre, un discours basé sur le changement mineur de la formulation du Lévothyrox, consistant par le remplacement d’un excipient rendant le médicament plus stable, pouvant nécessiter une adaptation des dosages des patients et donc provoquer des effets indésirables transitoires. Rapidement sont évoqués l’emballement médiatique et l’effet nocebo comme causes principales des effets secondaires déclarés par les patients. Si le médecin est prêt à entendre que la crise repose en partie sur une communication déficiente des autorités de santé, il ne peut occulter ces malades souffrant d'effets indésirables très gênants qui présentent une thyréostimuline (TSH) dans les normes et n’ont pas été touchés par la médiatisation de l’affaire. Dès lors, Claude Pigement ne cessera de demander une investigation scientifique qu’il se verra refuser avec constance, malgré la confirmation de ces cas dans le rapport final de l’enquête de pharmacovigilance et malgré l’insistance des associations de patients.
« Lévothyrox, une scandaleuse négligence », de Claude Pigement, éd. L’Archipel, 191 pages, 18 euros.
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