Le retard serait une maladie

SI VOUS AVEZ, comme Jim Dunbar, la fâcheuse habitude d’arriver en retard à tous vos rendez-vous, vous avez peut-être - comme lui - désormais une excuse. Cet écossais de 57 ans vient en effet de se voir diagnostiquer la maladie du retard chronique. Ne riez pas. Car si l’on qualifie votre propre comportement de pathologique, il ne s’agit plus dans le cas présent d’une simple expression imagée, mais du résultat d’un examen clinique dûment certifié… Ce sont les médecins de l’hôpital Ninewells de Dundee, en Écosse, qui ont authentifié la nature médicale de la manie du retardataire. Concrètement, ils ont défini un syndrome qui serait causé par la partie du cerveau également responsable de l’hyperactivité et du trouble de l’attention. Cette zone cérébrale serait atteinte, selon eux, d’un déficit qui empêche le patient de gérer le temps dont il a besoin pour réaliser une tâche. Pour convaincante qu’elle soit, cette définition physiopathologique du retard chronique ne fait pourtant pas l’unanimité. Ainsi, le docteur Sheri Jacobson, psychothérapeute et directrice du Harley Therapy Clinic de Londres, rappelle que cette maladie ne figure pas dans l’American psychiatric association’s diagnostic and statistical manual of mental disorders, et que « les retards répétés sont généralement un symptôme d’une affection sous-jacente comme la dépression, ou une habitude ». Et d’insister, « Il est imprudent de faire d’un comportement humain une condition médicale ». Vous l’avez compris, la prochaine fois que vous serez en retard, ne comptez pas sur le Dr Jacobson pour vous délivrer un certificat médical en guise de mot d’excuse…