Une histoire de télomères

La paternité tardive, une promesse de longévité

Publié le 18/06/2012
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ONCLE Jules a 39 ans, tante Rose en a 28. Donc forcément, le bébé qu’ils auront ne sera pas de la première jeunesse… Pour le petit Marcel*, cela ne fait pas de doute : « Il sera tout rabougri. Il aura des cheveux blancs avec une barbe blanche »… Si contrairement à ce que laisse entendre la pagnolade, les paternités tardives ne livrent pas de nourrissons chenus, elles pourraient pourtant transmettre quelque chose qui a à voir avec la longévité. Telle est en tout cas la conclusion très sérieuse des recherches du Pr Dan Eisenberg, de l’université américaine de Northwestern (Illinois). Ses travaux sont partis d’un constat : dans la plupart des cellules, les télomères (comprenez enveloppes protectrices de l’extrémité des chromosomes) raccourcissent avec le vieillissement de l’individu… sauf dans les spermatozoïdes, où c’est tout le contraire : les télomères s’allongent avec l’âge. Par ailleurs, des études antérieures ont montré que les personnes dont les télomères sont grands, ont plus de chances de faire de vieux os. L’étude d’Eisenberg, publiée dernièrement dans « les Annales de l’Académie des sciences américaines » (PNAS), montre ainsi que les hommes qui retardent l’âge de leur procréation - autrement dit, les papas d’âge mûr - transmettent des télomères plus longs à leurs enfants, ce qui pourrait permettre à ces derniers de vivre plus vieux et de se reproduire également plus tardivement. Un constat d’autant plus vrai que les pères sont eux-mêmes issus d’une paternité tardive. Si l’on se rappelle que les télomères longs sont amis du grand âge, ce facteur serait donc la promesse d’une plus grande longévité… C.Q.F.D. Vous me suivez ? Si vous n’avez pas tout compris, retenez au moins une chose : télomère, tel fils !

* Dans La gloire de mon père de Marcel Pagnol.
› DIDIER DOUKHAN

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2931