La science avance parfois d'un pas pour reculer de deux… C'est ainsi qu'une technique de manipulation génétique très en vogue actuellement pourrait faire les frais de cette valse-hésitation.
Celle-ci était en tout cas l'un des thèmes de réflexion centraux du groupe de travail réuni récemment à Montréal dans le cadre de la Convention de l'ONU sur la biodiversité. Au menu des débats : le forçage génétique. Un procédé qui ne laisse pas d'interroger les consciences, notamment respectueuses de l'écologie. Il faut dire que cette technique consiste ni plus ni moins qu'à modifier l'ADN d'êtres vivants afin d'éliminer certaines espèces invasives. Un exemple d'application ? Le forçage génétique pourrait venir à bout des moustiques vecteurs du paludisme. Oui mais voilà, les détracteurs de la méthode - et ils sont nombreux - mettent clairement en garde contre un risque de chaos écologique. Une centaine d'ONG demandent ainsi un moratoire sur la recherche dans ce domaine. Face à eux, l'armée américaine (Agence pour les projets de recherche de la Défense ou DARPA) et la Fondation Gates (consortium de recherche Target Malaria). Selon ces derniers, « imposer un moratoire sur des innovations aussi prometteuses à un stade aussi précoce de leur développement serait dommageable et irresponsable ». L'armée américaine se défend en tout cas de toute arrière-pensée. Son approche est avant tout préventive, assure-t-elle, face « aux risques posés par le développement rapide et la démocratisation des outils d'editing génétique ».
Quant à l'un des inventeurs de la technique, Kevin Esvelt, il dit regretter aujourd'hui d'avoir suscité l'espoir et affirme qu'il est trop dangereux de recourir au forçage génétique pour préserver la nature. En 2014, le chercheur avait en effet appliqué la méthode pour sauver une population animale menacée par une espèce invasive.
La science, capable du meilleur comme du pire. En rendant leur rapport, les experts réunis à Montréal auront sans doute cette vérité-là à l'esprit…
Avec l'AFP.
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Françoise Amouroux
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