Cancer du sein

Faut-il revoir les campagnes de dépistage ?

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Publié le 12/04/2018
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Plusieurs associations, dont le collectif Le cancer Rose et l'UFC-Que Choisir, reprochent à l’Institut national du cancer de fournir aux femmes une information incomplète et partiale sur le dépistage organisé du cancer du sein en minimisant ses inconvénients, notamment en ce qui concerne le surdiagnostic.
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Crédit photo : phanie

Afin d’informer les femmes sur le dépistage organisé du cancer du sein, l’Institut national du cancer (INCA) vient d’ouvrir le site Internet « Prévention et dépistage du cancer du sein » (accessible à l'adresse « cancersdusein.e-cancer.fr ») et a publié un livret d’information (en septembre 2017).

Or « ces deux outils de communication exagèrent les bénéfices du dépistage et en minimisent, voire passent sous silence les inconvénients », déplorent les associations Cancer rose, UFC-Que Choisir, Formindep, Groupe Princeps, et Dominique Dupagne (médecin blogueur) dans une lettre ouverte adressée à L’INCa début avril. Ces associations demandent expressément que ces supports d’information soient révisés dans les plus brefs délais.

Pour les auteurs de la lettre ouverte, l’INCA ne fournit pas aux femmes une information claire, notamment sur le risque de sur-diagnostic et de sur-traitement. Ils rappellent que l’utilité du dépistage organisé est contestée par une partie de la communauté scientifique, qui doute de sa balance bénéfice/risque. En France, l’information incitant les femmes à participer au dépistage organisé ne rend pas compte, ou de manière limitée, de ces doutes existants et ne permet pas une prise de décision en toute connaissance de cause.

Or « il est maintenant établi que pour 1 à 5 décès par cancer du sein évités, 19 femmes feront l’objet d’un sur-diagnostic. Elles subiront donc inutilement l’annonce d’un cancer, ses conséquences et ses traitements », dénoncent les associations.

De plus, toujours selon les auteurs de ce courrier, le bénéfice du dépistage organisé n’est pas démontré en termes de mortalité globale : « les décès consécutifs aux traitements et aux cancers radio-induits par les mammographies répétées pourraient contrebalancer le faible effet positif du dépistage », soutiennent-ils. À ce jour, l’INCa n’a pas encore répondu à cette lettre, mais assure regarder de près les éléments avancés par les associations en question.

Charlotte Demarti

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3427