Les femmes enceintes capables de détecter des dangers

Ève trahit par ses hormones

Publié le 12/03/2012
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CELA ne fait aucun doute, Ève n’était pas enceinte ni d’Abel ni de Caïn lorsqu’elle croqua la pomme. Si tel avait été le cas, elle se serait certainement méfiée de ce satané serpent. C’est ce que l’on peut déduire d’une récente étude réalisée par des chercheurs japonais. L’équipe de l’université de Kyoto, au Japon, a en effet pu démontrer que rien ne peut échapper à une femme qui vient d’ovuler. Davantage réceptive aux stimuli visuels de la peur, comme la vue d’un serpent, celle-ci est capable de détecter plus rapidement un danger ou une menace. Pour les auteurs de l’étude, cette faculté pourrait correspondre à une adaptation de l’espèce humaine qui augmenterait la vigilance des femmes lorsqu’elles sont potentiellement enceintes. Le fameux sixième sens féminin et l’instinct maternel ne formeraient donc qu’un ? Peut-être. En tout cas, les chercheurs japonais ont une explication parfaitement rationnelle du phénomène. Selon eux, cette vigilance accrue aux dangers environnants serait liée à deux hormones, la progestérone et l’estradiol, dont les concentrations sont justement les plus élevées pendant la phase post-ovulatoire (lutéale). Pour le démontrer, ils ont soumis soixante volontaires appartenant à la gent féminine à un test simple, au cours de trois phases de leur cycle menstruel. Il s’agissait pour elles de repérer une image de serpent parmi des images de fleurs. Résultat, les plus rapides à détecter le symbole du danger étaient les femmes se trouvant dans la phase lutéale de leur cycle menstruel. Voilà pour l’hypothèse hormonale. À moins que, plus simplement, la peur du serpent soit imprimée à tout jamais dans les gènes des descendantes d’Ève.

CHRISTOPHE MICAS

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2905