L’étude EMOI (impact de l’éjaculation précoce ou prématurée sur le bien-être psychologique et la vie sexuelle : la perception des patients et des partenaires) est une étude non interventionnelle, transversale, nationale, réalisée d’octobre 2013 à avril 2014, auprès de 120 médecins volontaires (urologues ou sexologues).
À l’occasion d’une consultation, ces médecins ont recruté des hommes souffrant d’éjaculation précoce (EP) : 575 questionnaires exploitables ont été remplis par les patients (et 290 par leurs partenaires), concernant l’impact affectif, relationnel et individuel de l’EP.
Une vie sexuelle gâchée par l’EP
« Les patients inclus dans l’étude sont jeunes (39 ans en moyenne), et ont pour la plupart toujours connu ce problème ; l’EP était présente depuis le début de la vie sexuelle pour 3 patients sur 4 », indique le Dr Marie-Hélène Colson, sexologue, directrice de l’enseignement de sexologie à l’université de Marseille, et membre du comité scientifique de l’étude.
Par ailleurs, 88 % avaient une partenaire stable et 7 sur 10 vivaient en couple. « L’EP s’accompagnait de troubles anxieux ou dépressifs chez 37 % des patients (contre 15 % dans la population générale) », poursuit-elle. Et les autres facteurs de risque associés étaient le tabagisme, l’abus d’alcool, et les troubles du sommeil. Seulement 8 % sont satisfaits de leurs performances sexuelles et 48 % déclarent éprouver un sentiment d’échec la moitié du temps au moins. « La vie sexuelle est gâchée par l’EP, indique le Dr Colson. Les patients ne se sentent plus des hommes à part entière. »
Place de la partenaire… et du médecin
L’EP a un impact non négligeable sur la partenaire et sur le couple, mais sans doute moins que ce que pense le patient. Ils sont en effet 79 % à estimer que leur partenaire souffre d’insatisfaction, quand seulement 51 % des femmes interrogées le confirment. De façon générale, la proportion d’hommes se prononçant négativement sur leur vie sexuelle est plus élevée que celle des femmes, en particulier concernant le sentiment de culpabilité, de colère, de perte de virilité ou de confiance. Mais des perturbations réelles existent puisque l’orgasme est jugé absent ou difficile à atteindre par 56 % des femmes de ce panel.
Par ailleurs, on sait à partir d’autres études que seulement 10 % des hommes concernés signalent ce problème à leur médecin. Les hommes interrogés ici ont indiqué qu’ils n’avaient pas consulté plus tôt car ils pensaient (pour les deux tiers d’entre eux) que « cela s’arrangerait tout seul » ; car ils avaient honte (pour 62 %) ; car ils n’avaient pas connaissance de solutions médicales (54 %) et car leur partenaire ne se plaignait pas.
Rôle du sexologue
Face à l’EP, « le travail du thérapeute est d’enlever la notion de performance, et de déconditionner l’anxiété qui existe pour le patient lors du rapport sexuel, indique le Pr Pierre Costa, urologue, andrologue, chef de service d’urologie andrologie au centre hospitalier de Nîmes et également membre du comité scientifique de l’étude EMOI. Il importe de revaloriser le patient, en lui disant entre autres que l’EP touche beaucoup de gens et n’est pas anormale. »
Les chiffres varient d’ailleurs beaucoup selon la définition choisie : « entre un homme sur 5 (si l’on compte 1 minute de pénétration) et 1 sur 3 (pour 2 minutes) en souffriraient », précise le Pr Costa. Mais deux autres notions sont particulièrement importantes : la perception de ne pas pouvoir se contrôler, et la détresse majeure à cet état de fait.
D’après une conférence de presse des Laboratoires Ménarini.
Autour de l’ordonnance
Diabète de type 2 : recommandations actualisées pour une offre thérapeutique étoffée
Formation
L’IGAS propose de remplacer l’obligation de DPC par…
Une enquête de l’ANEPF
Formation initiale : le cursus pharmaceutique doit-il évoluer ?
Rémunération
ROSP qualité : plus que deux semaines pour s’autoévaluer !