Dix-huit mois sans traitement

Deuxième rémission dans le VIH

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Publié le 11/03/2019
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Un nouveau cas de rémission prolongée d’un patient infecté par le VIH vient d’être présenté. Ce dernier avait bénéficié d’une greffe de moelle osseuse.
VIH

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Crédit photo : phanie

Pour la deuxième fois dans l’histoire de la maladie, un patient infecté par le VIH, baptisé « patient de Londres » est en rémission sans traitement depuis un an et demi, à la suite d’une greffe de moelle osseuse. L’annonce a été faite par des chercheurs du University College de Londres, à l’occasion de la conférence sur le sida et les maladies opportunistes (CROI) qui se tient du 4 au 7 mars, à Seattle.

À l’image de Timothy Ray Brown, le « patient de Berlin » en rémission depuis 12 ans, le « patient de Londres » a bénéficié d’une greffe allogénique de cellules-souches hématopoïétiques provenant d’un donneur homozygote pour la mutation génétique rare CCR5 ∆ 32. Cette dernière aboutit à l’absence de protéine CCR5 à la surface des lymphocytes T. Or il s’agit de la porte d’entrée du VIH dans le lymphocyte, ce qui rend les porteurs virtuellement résistants au VIH.

Seize mois après la greffe, le traitement antirétroviral du patient a été interrompu. Au bout de 18 mois supplémentaires sans traitement, le virus était toujours indétectable dans le plasma du patient (moins d’une copie par millilitre). L’analyse des lymphocytes CD4 n’a pas non plus révélé la présence de virus latent susceptible d’être réactivé.

Réaction du greffon contre l’hôte

Après le cas du « patient de Berlin », de nombreuses questions perduraient : la greffe en elle-même était-elle responsable de cet état ? Quel était le rôle du traitement myéloablatif ? N’était-ce pas un simple coup de chance ? Pour le Dr Sáez-Cirión, responsable du groupe « Réservoirs et contrôle viral » à l’institut Pasteur de Paris,
le « patient de Londres » répond à ces questions et à bien d’autres.

« On sait maintenant qu’il n’est pas obligatoire de procéder à deux greffes, de soumettre le patient à un traitement myéloablatif très agressif ou d’arrêter le traitement antirétroviral immédiatement après la greffe, énumère-t-il. La particularité de ces deux patients, comparés à d’autres qui ont aussi reçu une greffe de cellules-souches hématopoïétiques CCR5 ∆ 32/CCR5 ∆ 32, est qu’ils ont subi une réaction du greffon contre l’hôte. Cela démontre l’importance de cette dernière ».

La greffe de moelle osseuse provenant d’un donneur CCR5 négatif n’est pas une stratégie de guérison viable à grande échelle, mais pour le Dr Sáez-Cirión, l’enjeu est ailleurs : « nous savons désormais que la rémission durable n’est plus une chimère. Nous avons un but à atteindre. »

Damien Coulomb

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3502