Allergies respiratoires et environnement intérieur

Des idées reçues à combattre

Publié le 10/12/2009
Article réservé aux abonnés
La pollution intérieure est un facteur aggravant, mais aussi déclenchant des allergies respiratoires. Or les Français n’ont pas toujours conscience des liens entre l’environnement de leur domicile et leur état de santé, et notamment ses retentissements sur les allergies respiratoires. C’est ce que révèle l’enquête consacrée à l’environnement intérieur, la santé et les allergies respiratoires* menée par le Comité français d’observation des allergies respiratoires (CFOA)**.

« LE TIERS de la population née après 1980 est allergique. D’ici à 2050, la moitié des Français seront atteints de cette affection. Ceux-ci devront notamment prendre en considération leur environnement intérieur, c’est-à-dire le domicile dans lequel ils vivent, pour éviter ou minimiser les risques de développer une allergie respiratoire », affirme le Pr Frédéric de Blay, pneumo-allergologue (hôpitaux universitaires de Strasbourg) et président de la Société française d’allergologie (SFA).

Mais en matière de pollution intérieure, les idées reçues sont nombreuses. Le domicile conserve, souvent à tort, sa valeur refuge. D’après l’enquête du CSA pour le Comité français d’observation des allergies respiratoires*, les personnes souffrant d’une allergie respiratoire semblent peu conscientes de leur exposition personnelle à la pollution intérieure (31 %). Et ce même lorsqu’elles sont allergiques aux acariens (36 %) ou lorsque leur pathologie a été diagnostiquée par un allergologue (32 %).

« Pourtant, 50 % des asthmes allergiques des adultes (80 % des asthmes de l’enfant) sont dus aux acariens. Ceux-ci sont notamment présents à la maison : dans les matelas, le linge, les meubles... Les animaux domestiques, surtout les chats, sont également responsables d’allergies respiratoires. Quant aux moisissures, elles provoquent 10 % des allergies et peuvent libérer des allergènes, des substances toxiques (mycotoxines...) et des composés organiques volatils. Au final, nous sommes donc exposés à un cumul de polluants dans notre domicile », souligne le Pr de Blay.

Un fait que nombre de personnes allergiques tendent à minimiser. Dans le détail, ce sont dans les transports en commun (55 %), dans les grandes surfaces (59 %) ou dans leur voiture (50 %) que les personnes allergiques se sentent le plus exposées à la pollution intérieure. Elles sont déjà moins nombreuses à se sentir exposées sur leur lieu de travail ou de scolarisation (39 %), dans les salles de cinéma ou de théâtre (32 %) ou encore, lorsqu’elles sont à l’hôtel (35 %) ou chez elles (24 %).

Des mesures à prendre.

Par ailleurs, plus l’allergie est sévère, plus les individus se disent concernés par leur environnement intérieur. Ainsi, 61 % des personnes souffrant d’allergie respiratoire estiment que la pollution intérieure est dangereuse pour eux-mêmes (65 % en cas d’allergie modérée ou sévère). La quasi-totalité estime qu’un environnement intérieur pollué peut non seulement aggraver leurs symptômes (99 %) mais aussi déclencher des allergies respiratoires (98 %). Les rhinitiques sévères sont les plus touchés : ils signalent plus de trois symptômes liés à la pollution intérieure, parmi lesquels se détachent la toux sèche, la rhinorrhée, les maux de tête et les picotements des yeux.

Pour lutter contre la pollution domestique, 97 % des allergiques déclarent déjà aérer leur logement matin et soir. Ils prennent soin de son environnement en lavant davantage leurs draps et oreillers (88 %), en faisant parfois un ménage intensif (79 %), en utilisant des housses anti-acariens (42 %) ou en remplaçant la moquette par un autre type de surface (61 %). « Les médecins doivent également être mieux informés au sujet des mesures à prendre pour disposer d’un environnement intérieur sain. Ces derniers peuvent notamment recommander aux patients allergiques la visite à domicile de conseillers en environnement. Une mise au point visant à rectifier les perceptions erronées sur les liens supposés et avérés entre environnement intérieur et allergies respiratoires s’impose », conclut le spécialiste.

* Enquête « L’environnement intérieur, la santé et les allergies respiratoires », réalisée par téléphone le 30 septembre et le 1er octobre au domicile de 1 001 personnes âgées de 15 ans et plus.

** Le CFOA, créé avec le soutien

de Stallergenes, analyse l’impact économique et social des allergies respiratoires sur la population française. Il vise à susciter une prise

de conscience sur ce sujet et à mobiliser les acteurs du secteur et les pouvoirs publics pour remédier à ce problème

de santé. Pour plus d’informations : www.comite-allergies.org.

› HÉLIA HAKIMI

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2710