Elles ont un rôle indépendant et significatif

Des bactéries capables de faire siffler les nourrissons

Publié le 14/10/2010
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Les sifflements bronchiques chez l’enfant sont habituellement associés à des infections virales. Mais les virus pourraient ne pas être les seuls coupables. Hans Bisgaard et coll. (Danemark) montrent que des épisodes de sifflements aigus chez de jeunes enfants peuvent exister en présence d’infections bactériennes, indépendamment de la présence de virus.
Des sifflements dans la première année

Des sifflements dans la première année
Crédit photo : S Toubon

LORS DES ÉPISODES de sifflements bronchiques pendant la première année de la vie ainsi que lors des exacerbations d’asthme, la responsabilité des virus a été documentée de manière consistante et étayée par de nombreux travaux.

Pourtant, une étude récente chez des enfants d’âge préscolaire, menée en Europe et aux États-Unis, a indiqué que les antibiotiques figurent parmi les médicaments les plus prescrits lors des épisodes de sifflement. Toutefois, il n’y a pas d’études suggérant que les infections bactériennes sont associées à des épisodes de sifflement chez de jeunes enfants. D’ailleurs, aucune étude randomisée contrôlée n’a établi l’efficacité des antibiotiques dans cette situation. Les recommandations actuelles pour le traitement des sifflements respiratoires chez les jeunes enfants indiquent que les antibiotiques ne doivent pas être prescrits de manière routinière.

Pour étudier l’association entre des symptômes de sifflement chez de jeunes enfants et la présence de bactéries dans les voies aériennes, Hans Bisgaard et coll. ont examiné de façon prospective des enfants participant à la « Copenhagen Prospective Study on Asthma in Childhood ». Il s’agit d’une étude de suivi d’une cohorte de 411 enfants, nés non prématurés dans la région de Copenhague, inclus à l’âge de 4 mois et suivis jusqu’à 3 ans. Les enfants étudiés ont une mère présentant un asthme médicalement documenté.

On a recherché les pathogènes présents dans les voies aériennes dans deux circonstances : lors d’épisodes de sifflement et lors des visites planifiées, indépendamment de toute symptomatologie broncho-pulmonaire.

Au total, il y a eu 984 échantillons analysés pour les bactéries, 844 pour des virus et 696 pour des virus et des bactéries. Les épisodes de sifflements bronchiques ont été associés à des infections bactériennes (odds ratio 2,9 ; p?‹ 0,001) et à des infections virales (OR 2,8 ; p ‹ 0,001).

Surtout, l’analyse des associations entre bactéries et virus montre que la pathogénie de chaque type de micro-organisme s’exerce indépendamment l’une de l’autre.

Les épisodes de sifflements sont associés de manière significative aux coronavirus, para-influenzavirus, influenzavirus, adénovirus, métapneumovirus ou bocavirus, et l’association est indépendante de la présence des bactéries (elle demeure après ajustement en prenant les bactéries comme covariables).

H. influenzæ, M. catarrhalis.

Mais aussi, les épisodes de sifflement sont significativement associés à des infections bactériennes : H. influenzae, M.?catarrhalis et S. pneumoniae principalement (l’association n’est pas significative pour S. pneumoniae). Et cette association demeure significative après ajustement en prenant les virus comme covariables.

Ainsi, ces résultats « suggèrent que les bactéries peuvent contribuer de manière indépendante à la survenue de symptômes de sifflements respiratoires ». Il serait intéressant maintenant

de rechercher la pertinence de l’action des bactéries dans les épisodes de sifflement à l’aide d’essais randomisés contrôlés, portant tout d’abord sur l’efficacité des antibiotiques dans cette situation.

BMJ, publication en ligne.
› Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2781