Innovation pharmacologique

Libérer le médicament par la pensée

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Publié le 12/09/2016
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12/09/16-1 dessin

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Idéalement, les malades devraient pouvoir bénéficier des propriétés de leur médicament au moment où ils en ont vraiment besoin. Et seulement à ce moment-là ! En dehors des crises, le principe actif ne peut en effet apporter qu'une somme d'effets plus ou moins indésirables… Que la crise elle-même puisse déclencher la libération du médicament, voilà l'ambitieux projet de quelques chercheurs israéliens.

Pour l'heure, leurs travaux se concentrent sur un modèle plus modeste que l'humain : le cafard. En pratique, les scientifiques ont injecté aux insectes des micro-robots porteurs de capsules elles-mêmes remplies d'une solution phosphorescente. Puis, un opérateur (humain) doté d'un casque lecteur d'ondes cérébrales s'est placé devant le vivarium où séjournaient les coléoptères. Ses collègues lui ont donné quelques calculs mathématiques à réaliser, et c'est cette activité cérébrale - assimilable à une pensée - qui a déclenché l'ouverture des capsules et une soudaine phosphorescence des bestioles.

Ce n'est qu'un début, car au moins deux grandes évolutions de ce modèle expérimental seront nécessaires. Il faudra avant tout détecter l'activité cérébrale typique d'une maladie, et notamment celle du début d'une crise. La schizophrénie, l'hyperactivité, ou encore la migraine seraient ainsi d'excellentes candidates pour cette nouvelle pharmacologique commandée par la pensée.

Dès qu'on aura identifié les messages cérébraux libérateurs, encore faudra-t-il parvenir à miniaturiser le casque à électrodes nécessaire à la lecture de ces signaux. Mais les chercheurs travaillent déjà à la mise au point de modèles comparables en taille à des prothèses auditives. Prendre ses médicaments sans pilulier ni posologie, il suffisait d'y penser…

Didier Doukhan

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3285