Quelles sont les destinations à risque de leishmaniose ?
La leishmaniose suit l’aire géographique de distribution des phlébotomes. Elle est largement répandue dans le monde : pourtour méditerranéen, mais aussi Afrique, Moyen-Orient, Amérique du Sud et Asie du Sud. En pratique, les destinations européennes classiquement à risques sont le sud de la France, l’Espagne, le Portugal, l’Italie, la Croatie et la Grèce. Avec le changement climatique et surtout les activités humaines (ex. importation de chiens infectés, infection de chiens lors de voyages) une extension géographique des cas à la moitié nord de la France s’observe également.
Quelle est la gravité de la maladie ?
L’Homme développe principalement des formes cutanées (entre 600 000 et 1 million de cas par an selon l’OMS) ou viscérales (> 50 000 cas par an). Sans traitement, la leishmaniose viscérale est mortelle ; elle s’observe principalement au Brésil, en Afrique de l’Est et en Inde. La forme cutanée s’accompagne d’ulcères pouvant laisser des cicatrices importantes et s’observe dans le bassin méditerranéen, les Amériques, le Moyen Orient, l’Asie centrale.
Chez le chien, le tableau clinique est dominé par des signes généraux (amaigrissement, adénomégalie dans près de 80 % des cas, amyotrophie, fatigue), cutanés (allongement des griffes, ulcérations au niveau du nez, altération de la peau avec pertes de poils y compris autour des yeux) et oculaires (uvéite, kératite et conjonctivite). C’est une maladie chronique dont le pronostic est souvent sombre en l’absence de traitement. Ce dernier est long et contraignant, demandant une surveillance régulière par le vétérinaire. S’il permet de bien gérer les stades précoces de la maladie, il n'élimine jamais complètement le parasite.
De ce fait un chien leishmanien reste une source potentielle de contamination pour l’Homme.
C’est pourquoi il est si important d’insister sur les mesures de prévention de la maladie canine.
Quelles sont les particularités de la leishmaniose canine ?
Chez le chien, l’infestation par Leishmania infantum résulte principalement d’une piqûre de phlébotome, même si des transmissions par voie non vectorielle (vénérienne, verticale, de chien à chien, transfusion sanguine) sont possibles. Le chien représente le principal réservoir de ce parasite et une source de contamination pour des phlébotomes.
La leishmaniose ne se développe que chez 20 % des chiens infestés (1 chien sur 5). Toutefois elle apparaît généralement quelques mois après l’infestation, d’où la difficulté de faire le lien entre les symptômes et la piqûre du phlébotome. Certains chiens peuvent rester porteurs asymptomatiques (et réservoirs de parasites) pendant plusieurs années avant de déclarer la maladie.
D’où là encore toute l’importance de la prévention.
Le phlébotome n’est pas un moustique…
… mais un moucheron piqueur (« sand fly » en anglais) généralement plus petit que le moustique même s’il lui ressemble de loin ! Cela signifie qu’un antiparasitaire indiqué contre le moustique, ne l’est pas nécessairement contre le phlébotome : il convient donc de bien lire les RCP des produits pour choisir ceux ayant une indication phlébotome.
En Europe, il est généralement actif d’avril à octobre, à des températures minimales de 18-22 °C, et son activité est maximale à la tombée de la nuit.
En pratique, un chien qui réside en zone d’enzootie doit être protégé en continu sur une période pouvant atteindre 7-8 mois. Parmi les conseils de prévention importants, il faut éviter, dans la mesure du possible, de laisser le chien dehors durant le pic d’activité du vecteur (à la tombée de la nuit).
Les phlébotomes étant de petite taille, des moustiquaires à maille très fines aux fenêtres permettent d’éviter leur entrée dans les maisons. La présence d’un ventilateur dans la pièce où dort le chien permet également de repousser (dans une certaine mesure !) ces insectes sensibles au vent.
Quels sont les moyens de prévention de la leishmaniose canine ?
La prévention consiste fondamentalement en l’application d’insecticides topiques durant toute la période d’exposition aux vecteurs. Le vétérinaire peut également conseiller d’y associer une vaccination qui, à défaut de prévenir l’infection, permet de réduire notablement l’évolution de la maladie.
En pratique les formulations insecticides indiquées contre les phlébotomes/la leishmaniose peuvent être conseillées. Il est important de bien les choisir en fonction de l’animal (âge, état physiologique, poids…). Elles existent sous forme de Spot-on à action répulsive (antigorgement), contenant de la perméthrine, dont l’application est recommandée au moins 2 jours avant le départ en zone d’endémie. Plusieurs spécialités existent et il faudra en particulier bien faire attention à leur durée d’activité qui varie de 8 jours à 4 semaines. Il est important également d’insister sur le renouvellement régulier (et bien adapté) du produit afin d’assurer une protection en continu pendant toute la période d’activité du vecteur. Collier contenant de la deltaméthrine ou une association Imidaclopride-fluméthrine. Leur durée d’action est plus longue ce qui les rend plus intéressants chez les animaux vivant dans les régions d’endémie. Idéalement, l’application du collier a lieu 1-2 semaines avant le départ.
Deux vaccins anti-leishmaniose sont disponibles en France pour le chien. Ils ne peuvent être injectés que chez des animaux non infectés, âgés de plus de 6 mois. L’immunisation est effective au bout de 4 semaines, pour une durée d’1 an après la vaccination. Leur prescription en association avec les insecticides est particulièrement intéressante pour les chiens résidant longtemps en zone à risque mais doit être discutée au cas par cas avec le vétérinaire.
En conclusion
En début d’été, il est important d’informer les clients sur les risques de leishmaniose (tant humaine qu’animale) ainsi que sur les méthodes de prévention disponibles pour les chiens. Un rappel également des méthodes de lutte contre les phlébotomes permettra de se prémunir au maximum des risques de transmission de cette maladie.
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Françoise Amouroux
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