Véto pratique

Ascarides des animaux de compagnie : pourquoi il faut bien les connaître

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Publié le 11/07/2024
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Largement dominé par les antiparasitaires, le marché vétérinaire en officine, a connu une forte croissance en 2023. Avec une augmentation de +10,56 % du chiffre d’affaires total, il a atteint 157 millions d’euros1.

Chez le jeune chiot/chaton, la larve de  ingérée (ici, Toxocara Canis) effectue une migration hépato-trachéale au terme de laquelle les formes adultes gagnent l’intestin

Chez le jeune chiot/chaton, la larve de ingérée (ici, Toxocara Canis) effectue une migration hépato-trachéale au terme de laquelle les formes adultes gagnent l’intestin
Crédit photo : MARY EVANS/SIPA

Les vermifuges associant milbémycine oxime (nématocide) et praziquantel (cestocide) occupent les 3e et 4e places des meilleures ventes au sein du marché des antiparasitaires vendus à l’officine : Milprazikan (Clément Thékan) et Milbetel (Biocanina) ont montré des progressions respectives de 12 % et 24,2 %, dans un segment de marché évoluant à +18,5 %2. Avec des marges moyennes de 33 %, les vermifuges représentent donc un segment particulièrement important et rentable2.

Derrière ces chiffres positifs, se cache surtout l’importance de la prévention et du traitement des parasites internes, parmi lesquels les ascarides (vers ronds ressemblant aux ascaris de l’Homme) jouent un rôle de premier plan, non seulement en parasitologie vétérinaire mais aussi en raison de leur potentiel zoonotique. À ce double titre, le conseil du pharmacien prend toute son importance.

Les ascaris parasitent souvent les chiots et chatons dès la naissance

Toxocara canis (Hôte Définitif = chien), Toxascaris leonina (HD = chien, chat) et Toxocara cati (HD = chat) sont des nématodes très fréquents des jeunes carnivores domestiques, un peu moins des animaux adultes.

Les vers T. Canis et T. Cati adultes, qui mesurent de l’ordre de 15 et 10 cm respectivement, sont présents dans le tube digestif de l’HD et les femelles éliminent jusqu’à 200 000 œufs/jour dans les fèces. Ces œufs, non infestants lors de leur émission dans l’environnement, s’embryonnent en 2 à 6 semaines pour devenir infestants. Ils sont très résistants dans l’environnement et leur survie peut dépasser une année. À ce stade, leur ingestion par un hôte (animal ou humain) va libérer la larve dans l’intestin.

Les œufs de Toxocara canis sont très résistants dans l’environnement, leur survie peut dépasser une année

 

Chez le jeune HD (chiot/chaton), la larve de Toxocara ingérée effectue une migration hépato-trachéale au terme de laquelle les formes adultes gagnent l’intestin.

Chez l’HD adulte qui a développé un certain niveau d’immunité (néanmoins jamais totale), la migration des larves est généralement réprimée et aboutit à leur enkystement tissulaire. Alors que chez le chien ou le chat mâle adulte les larves enkystées n’évoluent pratiquement plus, elles peuvent être remobilisées lors de la gestation chez la chienne ou la chatte : elles contamineront alors le chiot in utero ou lors de la lactation et le chaton à l’allaitement (transmission in utero non démontrée)3.

Plus marqués chez le chiot que le chaton, les principaux symptômes sont une croissance ralentie, des troubles digestifs et du comportement alimentaire ainsi qu’une perte de vitalité.

Toxocarose humaine : l’une des helminthiases les plus fréquentes dans le monde.

L’homme s’infeste par ingestion accidentelle d’œufs embryonnés (mains sales, aliments végétaux souillés…) ou d’aliments insuffisamment cuits hébergeant des larves (viandes, viscères).

Très répandue dans le monde, la séroprévalence de la toxocarose humaine s’avère plus élevée en zones rurales (35-42 %) qu’en zones urbaines (2-5 %)5. En France environ 15 000 tests de dépistage des anticorps anti-Toxocara ont été pratiqués entre 2014-2015, ainsi que 3 000 tests de confirmation3. Les enfants sont les plus exposés (jeux dans les bacs à sable).

La toxocarose humaine est polymorphe et, lorsqu’elle n’est pas asymptomatique (cas le plus fréquent), se décline sous plusieurs formes cliniques, parfois graves : les larva migrans viscérales (LMV), les larva migrans oculaires (LMO) pouvant occasionner une cécité, la toxocarose neurologique (TN, forme grave) et la toxocarose masquée ou commune (TC).

La vermifugation nématocide régulière des chiens et chats protège leur santé et celle des humains en réduisant la charge parasitaire de l’environnement

 

La prévention de la toxocarose humaine repose sur des mesures d’hygiène (lavage des mains et des végétaux alimentaires, élimination des fèces des espaces publics et jardins, réduction de la contamination des bacs à sable), de cuisson des aliments à risque (viandes, viscères) et de vermifugation des animaux. L’ingestion d’hôtes paraténiques appartenant à la faune sauvage (gibier en particulier) peut également contribuer à l’infestation humaine.

La vermifugation nématocide régulière des chiens et chats protège leur santé et celle des humains en réduisant la charge parasitaire de l’environnement source d’infestation. Parmi les principaux principes actifs utilisés, la milbémycine oxime et l’émodepside assurent une élimination efficace des Toxocara sp. aux stades adultes voire larvaires (L3 et L4 avec l’émodepside).

Dr Vet. Florence Almosni-Le Sueur

Source : Le Quotidien du Pharmacien