La DGS craint une recrudescence des cas de rougeole en France. Au comptoir, il s’agit de vérifier le statut vaccinal des patients à chaque occasion, mais aussi de savoir orienter les cas suspects.
Le nombre de cas de rougeole augmente en France, notamment les cas importés. Entre les épidémies en cours dans des pays qui entretiennent d’importants échanges avec la France (Maroc, Roumanie) et une couverture vaccinale loin des 95 % permettant d’éradiquer la maladie (86 % France entière chez les enfants âgés de 33 mois en 2023), les autorités de santé s’attendent à « une diffusion plus large sur le territoire national au cours des semaines à venir », alerte la direction générale de la santé le 7 mars dans un DGS-Urgent.
La DGS demande ainsi la plus grande vigilance aux professionnels de santé quant à la détection précoce de cas de rougeole et à la prévention. Le message a été relayé quelques semaines plus tôt par plusieurs agences régionales de santé (Hauts-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes…) qui ont également pris des mesures locales pour limiter les chaînes de transmission.
En pratique pour le pharmacien, il s’agit de vérifier le statut vaccinal contre la rougeole des patients dès que l’occasion se présente et de procéder au rattrapage vaccinal pour les publics éligibles à la vaccination en officine, selon les recommandations et dans le respect des contre-indications (le vaccin ROR est un vaccin vivant). Il est nécessaire que les personnes nées après 1980 soient vaccinées avec deux doses de vaccin ROR. Il est nécessaire aussi que tous les professionnels de santé et les professionnels travaillant au contact des enfants nés après 1980 soient vaccinés avec deux doses de vaccin ROR. Les professionnels nés avant 1980, non vaccinés et sans antécédent connu de rougeole, doivent recevoir 1 dose de vaccin. La vaccination contre la rougeole est obligatoire pour tous les enfants nés depuis le 1er janvier 2018.
Pour s’aider, le pharmacien peut repérer les vaccins effectués dans le carnet de vaccination : Rouvax, Rudi-Rouvax, Trimovax, ROR Vax, ROR, Priorix, MMR Vax Pro.
Pour les voyageurs, il est recommandé aux personnes nées avant 1980 qui n’ont pas eu la rougeole ou qui n’ont pas été vaccinées et qui doivent se rendre dans un pays où la circulation du virus de la rougeole est importante, de recevoir une dose de vaccin. La vaccination peut être pratiquée dès 6 mois chez les nourrissons qui doivent voyager dans un pays où la circulation du virus de la rougeole est importante.
Par ailleurs, les cas évocateurs de rougeole sont à orienter rapidement vers un médecin qui devra faire un signalement sans délai à son ARS et confirmer le diagnostic par un examen biologique. Il faudrait tenir compte des mesures de gestion recommandées par la DGS aux médecins qui prennent en charge un cas suspect ou confirmé, à savoir : mise à l’écart des autres patients, limitation de leurs déplacements au strict nécessaire, leur faire porter un masque chirurgical si possible et demander aux personnes contacts d’utiliser dans la mesure du possible un masque FFP2 et de procéder à une hygiène des mains régulière. Pour information, le virus de la rougeole persiste jusqu’à 2 heures dans l’air et/ou sur les surfaces. Pour les cas contact qui doivent bénéficier d’une vaccination, si celle-ci est réalisée dans les 72 heures qui suivent un contact avec un cas, elle peut éviter la survenue de la maladie. La vaccination reste préconisée même si ce délai est dépassé, précise la DGS.
Rappelons qu’une fièvre ≥ 38,5 °C associée à une éruption maculopapuleuse et au moins un des signes suivants : conjonctivite, rhinite, toux, signe de Köplik (présence de taches blanchâtres autour de l’orifice du conduit parotidien) sont des signes évocateurs de rougeole. Les patients sont contagieux 5 jours avant l’apparition de l’éruption et jusqu’à 5 jours après l’apparition de l’éruption.
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