- Karine Dupré, vous êtes députée mais vous êtes aussi pharmacienne. Votre profession comme tous les soignants est exposée à une violence de plus en plus marquée. En moins d’un mois, au moins deux pharmacies ont été braquées. Quelle réponse faut-il avoir face à cette situation ?
Pour donner du poids à sa réponse, Karine laisse volontairement le silence s’installer pendant quelques secondes.
- Tout d’abord, je tiens encore une fois à exprimer tout mon soutien à mes confrères et consœurs et à leurs équipes, qui ont vécu ces épreuves. Il faut quand même rappeler que les braqueurs étaient armés et ont mis en joue les personnes présentes. Aujourd’hui, ces pharmaciens et préparateurs sont à leur poste pour assurer leur mission. Et je veux saluer leur courage et leur dévouement.
- Mais, qu’est-ce qu’il faut mettre en place pour assurer la sécurité des soignants ? Des caméras, des agents de sécurité ?
- Je vais vous répondre, mais avant de vous parler des moyens, je veux rappeler cette relation si singulière entre soignant et patient. Je prends l’exemple de la pharmacie, puisque c’est ce que je connais le mieux. La pharmacie vous savez, c’est comme une petite famille. Il y a ces personnes qu’on voit presque tous les jours, il y a les patients faciles, les patients grincheux, les patients tristes, les patients éprouvés par la maladie… tout cela est normal et tout ce petit monde, cette petite famille, vit ensemble. Ce qui n’est plus normal, c’est quand l’un ou l’autre franchit la ligne de la violence, ne respecte plus les codes de vie en société.
- Vous y avez été confrontée à cette violence, Karine Dupré ?
- C’est arrivé. Et tout l’enjeu aujourd’hui est d’être attentif à ne pas banaliser ces violences dites « ordinaires », qu’elles soient verbales ou physiques.
- On peut comprendre qu’un patient s’énerve parce qu’on ne lui donne pas son médicament alors qu’il en a besoin…
- Qu’il soit contrarié, oui. Violent, non. Et juste pour qu’il n’y ait pas de mauvaises interprétations, le pharmacien ne laisse pas un patient sans son traitement à partir du moment où il en a besoin. Dans ce cas nous allons trouver des solutions, dans le respect du code de la santé publique.
- Vous n’avez toujours pas répondu à ma question. Quels sont les moyens qu’il faut développer pour enrayer cette violence ordinaire ?
- Le respect, le discernement et la bienveillance. Ce sont trois valeurs que nous devons mettre en avant pour lutter contre cette forme de violence, contre l’insulte qui nous échappe parce qu’on est en colère par exemple. En revanche, contre les attaques que vous avez évoquées tout à l’heure, et qui mettent en péril la sécurité des soignants et plus largement notre système de soins, il y a un ensemble de leviers à activer, que ce soit en ville comme à l’hôpital et nous, parlementaires, allons y travailler en mettant toutes les personnes autour de la table.
- Karine Dupré, un dernier point qu’on aimerait évoquer avec vous. Le gouvernement indique qu’il y a moins de ruptures de stocks de médicament. Est-ce que ça veut dire que les moyens mis en place pour lutter contre les pénuries fonctionnent ?
Dans le bureau, Julien éteint la radio et enfile sa blouse. Il est 8 h 50. Une nouvelle journée va commencer à la pharmacie du Marché.
(à suivre…)
Une petite famille
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Publié le 27/03/2025
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Épisode 267. Invitée à la matinale de la radio régionale, Karine réagit aux récents braquages survenus dans les pharmacies.

David Paitraud
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Source : Le Quotidien du Pharmacien
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