Alors que gouvernement doit se prononcer d’ici à mercredi sur le décret concernant les pharmacies en territoires fragiles, porté en recours au Conseil d’État par l’USPO, le cabinet d’études La longue vue dresse un tableau inquiétant de l’économie officinale dans ces zones.
Parmi les 2 849 pharmacies situées dans un désert médical sur l’ensemble du territoire français, soit 14,07 % du réseau officinal, 21 officines, dont une petite dizaine en Martinique, Guadeloupe, Guyane, La Réunion et Mayotte, peinent à maintenir leur équilibre financier, tandis que 150 autres présentent des marges très réduites. Ainsi, « 21 pharmacies présentent un bilan négatif et 150 pharmacies affichent un résultat positif, mais inférieur à 4 % de leur chiffre d'affaires », analyse le cabinet d’études, La longue vue. « Ces chiffres, bien que modestes en apparence, témoignent d’une vulnérabilité préoccupante dans les territoires sous-dotés », alertent ces observateurs. Ils citent en exemple la commune de Recey-sur-Ource en Côte-d’Or privée de pharmacie depuis plus d’un an, une carence qui oblige les habitants à parcourir jusqu’à 20 km pour se soigner. Cette situation, particulièrement difficile pour les personnes âgées ou sans transport, entraîne retards ou renoncements aux soins, aggravant les risques sanitaires. Pour le réseau, cette désertification médicale est un facteur de fragilisation croissante. « Le manque de professionnels de santé entraîne une baisse des consultations et par conséquent de prescriptions. Les pharmacies locales, déjà en difficulté financière, sont confrontées à un risque accru de fermetures. » Celles-ci ont été au nombre de 269, selon les statistiques de l’Ordre national des pharmaciens arrêtées en décembre 2024. Parallèlement, on dénombrait 60 112 médecins généralistes, soit 193 de moins qu’un an auparavant.
Le dispositif d’aide à hauteur de 20 000 euros, destiné aux pharmacies implantées en territoires fragiles, suffira-t-il à pallier ces difficultés ? Pour l’heure, les ARS peinent à définir les zonages. Elles devraient rendre leur copie courant février. L’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) a d’emblée dénoncé la méthodologie (critères et mode de calcul) de cette mesure prévue à la convention pharmaceutique dont elle n’est pas signataire. En septembre, le syndicat a engagé un recours devant le Conseil d’État contre le décret sur les territoires fragiles paru le 8 juillet. Le gouvernement a jusqu’à mercredi pour se prononcer.
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