Samedi 19 juillet, une pharmacie de Seine-et-Marne a reçu l'appel à l'aide d'une victime de violences conjugales. Grâce à une stratégie mise en place par l’équipe officinale, la police et la jeune femme elle-même, cette dernière a pu être protégée et le compagnon interpellé.
Le samedi 19 juillet, en ouvrant la pharmacie du Vieux Pays, à Combs-la-Ville en Seine-et- Marne, la pharmacienne adjointe et la préparatrice, de service ce jour-là, découvrent dans la boîte mail un message inhabituel. Une jeune femme demande de l’aide. « Pouvez-vous appeler la police s’il vous plaît ? Je me sens en danger chez moi. J’ai eu l’idée de dire que je venais récupérer mes médicaments. » Dans la matinée, la pharmacie reçoit ensuite l’appel d’une patiente souhaitant vérifier que son ordonnance est bien arrivée par mail. « Comme dans le mail, il n’y avait pas ordonnance, je me suis douté que c’était elle, raconte Stéphanie, la préparatrice. Je lui ai demandé si elle était sur haut-parleur ». La jeune femme confirme, puis ajoute tout bas : « je ne peux pas parler fort, il est juste à côté ». Dans les minutes qui suivent, l’équipe officinale appelle la police en renfort. Une patrouille est envoyée. Le temps qu’elle arrive, à charge pour les professionnelles de santé de retenir la jeune femme à la pharmacie. « Cette patiente était venue une semaine plus tôt pour une orthèse à la cheville, nous avons pu voir sur la télésurveillance à quoi elle ressemblait pour la prendre en charge immédiatement à son arrivée, nous avions peur de la rater parmi les clients de ce samedi », poursuit Stéphanie.
Lorsque le couple passe la porte, Maryline, la pharmacienne adjointe, prend la patiente à part pour faire le point sur son orthèse et l’entraîne dans la cabine orthopédie. La jeune femme s’effondre. Au son de ses sanglots, son compagnon commence à s’agiter et fait irruption dans la cabine. Il menace de partir, la pharmacienne tente de le calmer. La tension monte. Il tente de sortir la jeune femme en l’agrippant par les deux poignets… Pendant ce temps, la préparatrice rappelle la police. « On a du mal à le retenir », alerte-t-elle. Lorsque la patrouille se gare devant la pharmacie, l’homme lâche la jeune femme, qui se réfugie derrière les policiers. « Ils ont embarqué Monsieur, et avec le troisième policier, nous avons pris la jeune femme à part. Nous lui avons parlé, et donné une barre de céréales. C’est à ce moment-là que nous avons compris qu’il l’empêchait de sortir de chez elle depuis trois jours et qu’elle n’avait pas mangé », raconte Stéphanie.
Une situation particulièrement stressante pour l’équipe. « C’était à quitte ou double : soit la police arrivait à temps, soit il l’emmenait et elle risquait de subir de nouvelles violences », explique Stéphanie. Ce n’est pas la première fois que l’équipe est confrontée à une telle situation de crise : « il peut nous arriver d’accueillir des jeunes filles suite à des violences ou des agressions », témoigne-t-elle. À cela s’ajoute la violence de certains patients qui ne supportent pas la non-délivrance d’un médicament parce que l’ordonnance n’est pas valable. En 15 ans de métier, Stéphanie a appris à faire confiance à sa réactivité. L’équipe a par ailleurs été sensibilisée aux violences faites aux femmes pendant la crise sanitaire du Covid-19. Dès le début du premier confinement, en mars 2020, un dispositif de signalement en pharmacie a été mis en place par le ministère de l’Intérieur, en partenariat avec l’Ordre national des pharmaciens. L’Ordre travaille depuis à faire de la pharmacie un lieu de refuge pour les victimes de violences sexistes et sexuelles ou de soumission chimique.
« Si la jeune femme n’était pas venue, nous aurions fait un signalement à la police », explique la préparatrice. Tout s’est finalement joué en moins de 15 minutes. « L’équipe a très bien réagi, elle a su gérer une situation très délicate, et grâce à leur sang-froid, tout s’est bien terminé », se félicite Virginie Béaslas, la titulaire de la pharmacie. L’homme interpellé a été placé en garde à vue. Jugé en comparution immédiate au tribunal correctionnel de Melun, le lundi 21 juillet, il a écopé de 15 mois de prison, avec mandat de dépôt. Il devra en outre respecter l’interdiction de rentrer en contact avec son ex-compagne et de paraître à son domicile.
Bien orienter les victimes de violences intrafamiliales :
- Le « 3919 Violences Femmes Info », numéro qui n’est pas tracé si le conjoint vérifie les appels ;
- La plateforme « arretonslesviolences.gouv.fr », où il est possible de discuter avec un professionnel de la police ou de la gendarmerie formé ;
- La police (17) en cas d’urgence ;
- Les structures et associations locales d’aide aux victimes (liste sur « arretonslesviolences.gouv.fr »).
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