Les Françaises ne se sentent pas suffisamment prises en charge par le système de santé pour leurs maladies, selon le Baromètre Femmes en santé 2024. Manque de médecins, manque d’écoute, manque de traitements pour leurs pathologies chroniques, manque d’information. Pour le pharmacien, interlocuteur de proximité et de confiance, il y a un rôle à jouer.
Interrogées sur leur état de santé, les femmes ont tendance à dire que tout va bien et placent la santé de leurs proches au-dessus de la leur. Mais lorsqu’on prend le temps de les écouter, comme l’a fait le collectif Femmes de santé avec l’Institut CSA, elles font part d’une insatisfaction générale de leur prise en charge par le système de santé, en particulier lorsqu’elles ont une maladie chronique ou un problème de santé mentale.
Plus de 60 % des Françaises interrogées déclarent avoir un problème de santé et, dans 40 % des cas, il s’agit d’une maladie chronique, pointe le Baromètre Femmes de Santé 2024. 1 femme sur 4 affirme cumuler plusieurs pathologies, principalement en rhumatologie, santé digestive, santé mentale, cardiologie et endocrinologie. Or 1 sur 10 ne trouve pas de médecin, 1 sur 5 n’a pas trouvé de solution médicale à son problème. Pour compléter ce tableau, 1 sur 4 regrette de ne pas avoir accès aux ressources médicales suffisantes pour être en bonne santé.
Les pharmaciens ont leur rôle à jouer dans ce contexte. « Ils sont cités en très bonne position comme étant des opérateurs potentiels pour délivrer de l'information aux femmes », analyse le Dr Catherine Azoulay, gynécologue et membre du collectif Femmes de santé. 30 % des femmes citent en effet le pharmacien comme « la personne la mieux placée pour informer sur sa santé », derrière le médecin et les autres professionnels de santé. « C'est aussi mon opinion puisque la contraception, le traitement de la ménopause, la vaccination et les tests de dépistage ont une grande part à jouer dans la santé de la femme. »
Autre atout pour les pharmaciens : « Ce sont des interlocuteurs de proximité et de confiance qui sont facilement accessibles », explique Catherine Azoulay. En effet, la relation de confiance est le principal critère avancé d’une bonne prise en charge pour les 2/3 des femmes interrogées, suivi par un professionnel à leur écoute (45 %), et qui délivre les bons traitements (44 %). Plus l’âge avance et plus la confiance gagne en importance (pour 69 % des plus de 65 ans). Les plus jeunes recherchent davantage un professionnel disponible sous 24 heures et qui prend en compte leur avis.
Cette relation de confiance prend d’autant plus de valeur qu’il est plus difficile de parler de sa santé à un proche (elles ne veulent pas les inquiéter ou elles ont honte, notamment en ce qui concerne la santé mentale) plutôt qu’à un professionnel de santé. Un tiers néanmoins n’ose pas parler de leur santé avec un professionnel. Un quart ne sait pas vers quel professionnel se tourner. D’où « l’importance du rôle de lanceur d’alerte et de conseil que peut jouer le pharmacien, notamment dans les déserts médicaux, qui reste le premier sujet d’inquiétude pour les femmes », estime de son côté Caroline de Pauw, sociologue spécialisée dans les inégalités sociales en santé. Dans l’ensemble, 44 % des Françaises interrogées ont le sentiment que la société ne se préoccupe pas de la santé des femmes.
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