Les propos de M. Macron visant les consommateurs accusés de financer le narcotrafic ont suscité des réactions. Réduire un phénomène aussi complexe à un mécanisme de culpabilisation individuelle revient à nier la réalité des déterminants sociaux et des responsabilités publiques.
Oui, sans clientèle, il n'existe pas de marché. C'est l'évidence mais cela revient à masquer l'essentiel : la consommation ne peut être dissociée du contexte social, économique et politique qui la rend possible ou supportable. Notre société est en proie à une perte de repères, à une inquiétude face à l'avenir, à une montée de l'isolement et à un effritement du lien social. Ce que l'on demandait autrefois à la communauté, on le demande désormais aux individus. C'est dans ce vide que les conduites addictives deviennent les palliatifs fragiles qui permettent de rester debout face à un réel devenu trop lourd. La question n'est pas seulement de savoir qui consomme, mais ce qui, dans notre organisation sociale, rend ces usages attractifs, nécessaires ou tolérables. L'histoire nous l'a appris : la seule répression ne modifie ni les marchés ni les logiques d'usage. En revanche, elle fragilise les plus vulnérables, aggrave les risques et éloigne des dispositifs de prise en charge.
Les données issues des organismes publics montrent que les usages évoluent, s'étendent et se diversifient. Ces éléments invitent à analyser, à comprendre, à débattre, plutôt qu'à désigner des coupables simplifiés. La responsabilité publique oblige à dépasser les explications simplistes et à repenser nos politiques à l'aune de réalités complexes, où la détresse sociale, existentielle et économique joue un rôle déterminant.
La lutte contre le narcotrafic nécessite une articulation entre justice, police, prévention, santé publique, action sociale et politique de jeunesse, pour produire des effets durables. C'est cette coopération, et non la désignation de boucs émissaires, qui permettra d'agir sur les causes, protéger les populations et réduire l'emprise des réseaux.
À l'approche des élections municipales, l’urgence est claire : cesser d'opposer morale et santé publique, prévention et répression, usagers et non usagers. Lutter contre le narcotrafic exige une stratégie globale : fermeté contre les réseaux criminels, mais aussi courage face aux réalités sociales, économiques et politiques qui nourrissent la demande. Cela suppose d'ouvrir un débat sur la légalisation, de déployer des haltes soins addictions et de reconnaître l'usager comme un citoyen dont la santé et la dignité doivent être protégées. Les consommateurs de drogue portent déjà une culpabilité immense et il est inutile d'ajouter de la honte à leur souffrance. Une société adulte ne se contente pas d'indignation ou de simplification mais regarde la réalité, elle l'affronte, elle construit. C'est cela que nous devons à nos concitoyens, à nos jeunes, à nos territoires et à notre démocratie.
CAVP
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