Trois événements indésirables graves, dont un décès, ont été confirmés sur l’île de La Réunion chez des patients qui avaient reçu le vaccin contre le chikungunya Ixchiq du laboratoire Valneva. Si la campagne a été uniquement suspendue pour les personnes de plus de 65 ans, le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) et le président de l’Ordre des pharmaciens de La Réunion ont appelé leurs confrères à ne plus vacciner aucun patient pour le moment.
La campagne de vaccination contre le chikungunya, lancée début avril à La Réunion avec un succès très relatif (seulement 3 000 personnes vaccinées à ce jour), a subi un sérieux coup d’arrêt ce week-end. Trois « événements indésirables graves » chez des personnes de plus de 80 ans présentant des comorbidités, ont été confirmés par le ministère de la Santé dans un communiqué. « Deux personnes ont présenté des symptômes similaires à ceux d'une forme grave de chikungunya quelques jours après la vaccination, dont l'une est décédée. La troisième est sortie d'hospitalisation », précise le document. Le lien de causalité entre ces cas et avec le vaccin a été jugé « très vraisemblable », d’après l’analyse rendue par le centre régional de pharmacovigilance de Bordeaux. Trois autres cas comparables, dont l’un en métropole, sont également en cours d’investigation.
Dans la foulée, le ministère a décidé de retirer sans délai les personnes de 65 ans et plus de la campagne de prévention avec le vaccin Ixchiq, après avoir saisi en urgence la Haute Autorité de santé (HAS). « Nous avons reçu une lettre d’alerte samedi après-midi, confirme Claude Marodon, président de l’Ordre des pharmaciens de La Réunion. La vaccination est suspendue pour les 65 ans et plus présentant des comorbidités à La Réunion mais aussi en métropole dans le cadre de la vaccination du voyageur. À titre personnel, j’ai conseillé de mettre l’ensemble de la campagne de vaccination en pause, le temps de savoir si des effets indésirables graves sont aussi survenus chez des personnes de moins de 65 ans. La population s’interroge sur ces risques d’effets secondaires. Les médecins ont pour l’instant arrêté de prescrire le vaccin Ixchiq. À ce stade, suspendre la campagne c’est aussi ma recommandation », précise l’ordinal.
Un avis partagé par Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), qui a demandé la suspension totale de la campagne de vaccination au cours du week-end. « Le temps de l'investigation, je serais plus tranquille si on suspendait totalement la vaccination, a-t-il déclaré sur « Franceinfo ». C'est la demande de quelqu'un qui est un militant du vaccin. Ce vaccin a été injecté à des dizaines de milliers de personnes sans aucun problème : c'est normalement un vaccin qui est sûr, mais on ne doit pas avoir de doutes. » Si les représentants des professionnels de santé ont donc conseillé à leurs confrères de tout mettre en pause, le ministre de la Santé, Yannick Neuder, et le ministre des outre-mer, Manuel Valls, se bornent pour l’instant à suivre le dernier avis rendu par la HAS. Malgré les alertes, ils ont encore conseillé ce dimanche à tous les patients qui le peuvent d’aller se faire vacciner. « Si vous avez une insuffisance rénale, une insuffisance cardiaque, respiratoire, un diabète, une obésité, vous avez entre 18 et 65 ans, il est recommandé à l'heure où je vous parle de se faire vacciner », a rappelé Yannick Neuder sur « France 3 ». Une position encore affirmée ce lundi par la direction générale de la Santé (DGS) lors d’un point presse consacré à la publication du nouveau calendrier vaccinal. « La vaccination est toujours recommandée chez les 18-64 ans avec comorbidités » a répété la DGS.
Pas facile donc de s’y retrouver, autorités sanitaires et représentants des pharmaciens ne donnant pas tout à fait la même consigne. « Le ministère a une règle c’est de suivre l’avis de la HAS, explique Philippe Besset. Chacun prend ses responsabilités. En tant que représentant des pharmaciens, je considère qu’il faut interrompre la vaccination, justement dans l’intérêt de la campagne de vaccination. » Pas de doute pour lui néanmoins, se faire vacciner reste le meilleur moyen de s’immuniser contre le chikungunya, qui a déjà causé 9 décès sur l’île de La Réunion depuis le début de l’épidémie en cours. Le président de la FSPF s’attend désormais à ce que la DGS demande un avis plus large à la HAS sur le vaccin Ixchiq. Il souhaite bien sûr que la vaccination puisse reprendre, « avec ce vaccin ou avec un autre ». Si Ixchiq est le premier vaccin contre le chikungunya à avoir reçu une AMM, un autre vaccin, Vikumya de Bavarian Nordic, a récemment obtenu un avis positif du Comité des médicaments à usage humain (CHMP) de l'Agence européenne des médicaments (EMA).
À la suite de la suspension de la campagne de vaccination chez les personnes de plus de 65 ans, le Laboratoire Valneva a lui aussi tenu à réagir dans un communiqué. Le laboratoire affirme pour l’instant que « le lien de causalité n'a pas été définitivement établi » entre l'administration de son produit et les trois « événements indésirables graves ». Comme le rappelle le média local « Réunion la 1re », 6 cas « d'effets indésirables graves », potentiellement en lien avec l’administration d’Ixchiq, avaient déjà été rapportés aux États-Unis il y a quelques jours, sans qu’un lien de causalité ne puisse être formellement établi pour le moment.
Une idée de l’assurance-maladie
Médicaments, pansements : quelle est cette expérimentation contre le gaspillage ?
A la Une
Révision de la grille des salaires : ce qui va changer
Expérimentation
Vaccination du voyageur chez Wellpharma
Mécénat Chirurgie Cardiaque
Challenge cœurs actifs, le tour du monde de Pharmactiv