Les pharmaciens ont bien entendu dans le discours du Premier ministre et de la ministre de la Santé, le 15 juillet, que les franchises annuelles sur les médicaments passeraient de 50 à 100 euros et seraient récupérées au comptoir. Ce qui a fait bondir la profession.
Le Premier ministre François Bayrou a annoncé, le 15 juillet, le doublement à 100 euros de la franchise annuelle sur les remboursements de médicaments, dans le cadre d'un plan de réduction de 5 milliards d'euros des dépenses sociales annuelles. Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, a précisé que « les franchises, les participations forfaitaires vont être augmentées et versées directement au comptoir ».
Une petite phrase qui a eu le don d’agacer la profession. Pour Lucie Hélène Pagnat, directrice générale de l’USPO, « ce n’est pas envisageable, car le pharmacien n’a pas la capacité de vérifier au comptoir où le patient en est de son plafonnement ». Par ailleurs, « quid du reversement au gouvernement ? », s’interroge-t-elle. Pour qu’une vérification soit possible, il faudrait avoir un accès interopérateur (via amelipro, via le DMP ?) à travers une plateforme qui soit en mesure de filtrer le niveau de plafonnement.
Interrogé sur la question, Cyril Colombani, président de l’Union des syndicats des pharmaciens d’officine (USPO) des Alpes-Maritimes estime que « doubler le montant de la franchise annuelle sur les médicaments n’est pas un problème, mais pourquoi ce serait au pharmacien de les récupérer ? C’est à l’État de le faire », déplore-t-il. « D’autant que le gouvernement est en mesure de prélever directement ces sommes en diminuant les aides versées à l’assuré, ou en augmentant ses impôts… Une fois de plus, l’État veut faire travailler les professionnels de santé gratuitement », s’agace-t-il.
Quant aux autres mesures évoquées par le Premier ministre, comme la révision des ALD, le recours systématique au DMP par tous les professionnels de santé, ou le recyclage des dispositifs médicaux, ce sont des mesures déjà évoquées, qui n’ont donc pas étonné les pharmaciens.
Selon Cyril Colombani, elles seront d’ailleurs insuffisantes pour faire des économies de santé substantielles, qu’il faudrait chercher ailleurs, d’autant que les sources d’économies sont nombreuses : « Par exemple, un rapport de l’IGAS a mis en lumière des cas de corruption au sein des prestataires de santé à domicile (PSAD), mais aucun contrôle n’a été engagé. Pourquoi ? », s’interroge Cyril Colombani. Autre levier évoqué : le prix des médicaments onéreux. « Pourquoi ne pas renégocier leur tarif lorsque le nombre de patients explose, comme c’est le cas pour Vyndaqel ? »
Quant à la Fédération des syndicats de pharmaciens d’officine (FSPF), son président Philippe Besset ne s’exprimera que demain en fin de matinée à l’issue de son assemblée générale, et surtout une fois passée la réunion avec la direction de la Sécurité sociale (DSS) qui a lieu ce 16 juillet en fin d’après-midi, et durant laquelle le sujet des remises génériques sera abordé. « Cette troisième réunion de concertation avec la DSS aura lieu non seulement avec les syndicats de pharmaciens comme les précédentes, mais aussi avec les organisations représentant les industriels du médicament, le Leem et Gemme (pour le médicament générique et biosimilaire), évoque Lucie Hélène Pagnat. Dans la mesure où les représentants des pharmaciens et industriels du médicament sont réunis, la profession espère obtenir des réponses sur le plafonnement des remises génériques. » En espérant aussi que le gouvernement choisira de préserver l’économie et le maillage de la profession.
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