Événement indésirable qui ne devrait jamais arriver

Colchicine et clarithromycine : une interaction médicamenteuse qui aurait pu être fatale

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Publié le 16/07/2025
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La Haute Autorité de santé (HAS) a relevé une succession d’erreurs de prescription et de dispensation chez un même patient, impliquant la colchicine. L’homme a été hospitalisé en réanimation.

Sur sa liste des « never events », ces évènements médicamenteux qui ne devraient jamais arriver, la Haute Autorité de santé (HAS) place désormais la colchicine, après une succession d’erreurs de prescription et de délivrance qui aurait pu être fatale.

Un traitement par colchicine est insaturé chez un homme septuagénaire hospitalisé pour une crise de goutte. Un mois et demi plus tard, l’homme, toujours sous colchicine, est de nouveau hospitalisé pour une péricardite, qui récidive 15 jours plus tard. Les médecins suspectent une origine bactérienne (Chlamydia). « Le patient sort le lendemain avec une prescription de colchicine, clarithromycine et atorvastatine, raconte la HAS dans un « Flash sécurité patient » du 11 juillet. Deux semaines plus tard, le patient se présente au service des urgences pour une douleur abdominale diffuse, des vomissements sans hématémèse, une constipation, une asthénie très marquée ainsi qu’une anorexie. Le bilan montre une rhabdomyolyse sans retentissement rénal, associée à une atteinte hépatique cytolytique et une atteinte hématologique. Le patient est transféré en réanimation pour surveillance. »

La cause de cette hospitalisation en réanimation est l’association colchicine-clarithromycine, contre-indiquée. La clarithromycine augmente les effets indésirables de la colchicine, aux conséquences potentiellement fatales. Pourquoi est-ce arrivé ? « Le médecin ne connaissait pas les interactions médicamenteuses de la colchicine. Les nombreuses alertes du logiciel d’aide à la prescription n’étaient pas assez discriminantes ou bloquantes, et il n’était pas possible de les filtrer. Il n’y a pas eu d’analyse pharmaceutique à la suite de la prescription de clarithromycine, en raison d’un manque de pharmaciens au sein de l’établissement. Lors de la dispensation en officine, le pharmacien n’a pas identifié l’association médicamenteuse contre-indiquée. Le nombre d’entrées était très important lors de la période d’hospitalisation du patient générant une surcharge de travail dans le service. Le patient présentait de nombreuses comorbidités », liste la HAS.

La colchicine doit être identifiée par tous les professionnels de santé comme médicament à risque, recommande la HAS, qui propose aussi de mieux paramétrer les alertes dans les logiciels métier et de prioriser l’analyse pharmaceutique d’une ordonnance comportant de la colchicine.

Le patient, lui, a vu sa situation s’améliorer deux jours après son entrée en réanimation.

« Ça peut aussi vous arriver », met en garde l’instance. Pour rappel, les erreurs médicamenteuses sont à déclarer au titre des évènements indésirables sur le portail de signalement : signalement.social-sante.gouv.fr.


Source : lequotidiendupharmacien.fr