Les données d’une étude menée par l’Institut Pasteur et Santé publique France alertent sur l’existence d’une épidémie de diphtérie en Europe occidentale à l’été 2022 parmi des populations vulnérables, migrants et SDF. La bactérie à l’origine de ces cas de diphtérie circulerait encore « à bas bruit » aujourd’hui.
La diphtérie, infection bactérienne très contagieuse pouvant atteindre les voies respiratoires dans sa forme la plus grave (parfois mortelle) ou la peau, a connu une recrudescence soudaine en Europe occidentale en 2022. Cette année-là, 362 cas ont été recensés par le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) dans 10 pays d’Europe de l’Ouest. La plus forte hausse observée avec cette maladie depuis 70 ans dans la région. Le pays le plus touché était l’Allemagne (118 cas), alors que 30 cas avaient été recensés en France. Ces cas d’infections, causés par une bactérie (Corynebacterium diphtheriae), ont principalement été observés chez des migrants récents, détaillent des chercheurs et des épidémiologistes de l’Institut Pasteur et de Santé publique France (SPF), auteurs d’une étude sur le sujet dans le « New England Journal of Medicine ». Des mesures rapides (recherche des contacts, dépistage des cas secondaires) ont ensuite permis d'atténuer l'épidémie mais quelques contaminations rares ont aussi été observées chez d’autres personnes vulnérables non migrantes, comme les sans domicile fixe ou les consommateurs de drogues injectables. Au cours des trois années suivantes, 536 cas, dont au moins trois mortels, ont été recensés en Europe.
Selon l'analyse de prélèvements provenant de 362 patients dans 10 pays, 98 % des cas concernaient des hommes, d'un âge médian de 18 ans, dont la quasi-totalité avait récemment migré. Si la majorité des infections (77 %) étaient cutanées (ulcères entourés d’une membrane grise), 15 % d’entre elles étaient respiratoires. Les chercheurs précisent également que « l'épidémie, qui a principalement touché des populations migrantes originaires d'Afghanistan et de Syrie, ne résulte pas d’une contamination initiale dans ces pays d’origine, mais (est survenue) au cours des voyages migratoires ou dans les lieux d’hébergement dans les pays européens ». Vu la très forte proximité génétique entre les souches bactériennes observées chez des personnes issues de pays différents, les scientifiques font l'hypothèse « d’un point de contact récent, hors du pays d’origine, ayant permis les contaminations ». Des inconnues demeurent cependant, comme la zone géographique et les conditions de ces contaminations. De plus, un lien génétique établi entre la souche ayant circulé en 2022 et une épidémie en 2025 en Allemagne laisse penser que « la bactérie continue de circuler à bas bruit en Europe occidentale ». Compte tenu de ces résultats, les scientifiques appellent à une vigilance et à des actions accrues : sensibilisation des médecins et personnes en contact avec ces populations sur les symptômes, vaccinations, antibiothérapies adaptées…
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