Coup de tonnerre ce lundi 6 octobre. Quatorze heures seulement après avoir composé une partie de son nouveau gouvernement, le Premier ministre, Sébastien Lecornu, a remis sa démission au président de la République, estimant que les conditions nécessaires à la poursuite de sa mission « n’étaient plus réunies ». Un nouveau rebondissement qui plonge les pharmaciens, comme le reste du pays, dans une profonde incertitude.
Sébastien Lecornu ne sera donc resté que 27 jours à Matignon. Jamais un Premier ministre n’était resté aussi peu de temps à son poste sous la Ve République. Durant ce court laps de temps, l’éphémère locataire de Matignon avait reçu les représentants de la profession le 27 septembre dernier, acceptant de suspendre pour au moins trois mois l’arrêté du 4 août abaissant le plafond de remise sur les médicaments génériques. Il avait aussi confirmé par écrit le lancement de plusieurs chantiers cruciaux pour la profession : lancement d’une mission confiée à l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et à l’Inspection générale des finances (IGF) sur les flux financiers de la distribution du médicament, généralisation du dispositif OSyS, soutien aux pharmacies des territoires fragiles… La démission du Premier ministre et de son gouvernement, dont la nouvelle composition avait été annoncée en partie la veille au soir, va avoir des conséquences immédiates et d’autres sur le plus long terme. « Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) ne va pas être présenté cette semaine comme cela était prévu, précise pour commencer Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Les missions de l’IGF et de l’IGAS, la proposition de loi de Philippe Mouiller (sénateur LR) pour améliorer l’accès aux soins dans les territoires, la publication de nombreux textes réglementaires attendus par la profession… Tout cela est inévitablement retardé. Les conséquences de cette démission sont catastrophiques, il faut être clair », analyse-t-il.
Le risque de ne pas avoir de PLFSS pour l’année en cours est aujourd’hui réel. La publication de l’arrêté suspendant la baisse du plafond de remise sur les génériques, en attente depuis plusieurs jours, est-elle, elle aussi, menacée ? Impossible de le dire à l’instant T. « Nous ne sommes plus sûrs de rien », concède Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine. Dans un communiqué publié ce 6 octobre, l’USPO appelle les pharmaciens à « rester unis et mobilisés pour obtenir la publication rapide de l’arrêté tant attendu ». Selon le syndicat, « le texte est quasiment finalisé. Il ne manquerait plus qu’une signature pour qu’il soit publié ». Du côté de Philippe Besset et de la FSPF, on se montre bien plus prudent sur ce point aujourd’hui. La publication ou non du texte conditionnera également la suite de la mobilisation engagée par la profession, que les syndicats ont promis de suspendre dès la parution du texte. À noter que ces soubresauts politiques risquent également d’avoir des conséquences sur les baisses de prix des génériques. Exception faite de deux textes, dont l’un sur les TFR, la décision du CEPS n’a, à ce jour, toujours pas été publiée au « Journal officiel ».
L’incertitude prédomine également du côté de l’avenue de Ségur. À l’heure actuelle, Yannick Neuder, qui n’était pas mentionné dans le décret publié dans la soirée du 5 octobre, ne fait officiellement plus partie du gouvernement. Sa nomination aurait pu intervenir après le discours de politique générale que devait tenir le Premier ministre à l’Assemblée nationale ce mardi puis au Sénat le lendemain. Son avenir est aujourd’hui incertain. Catherine Vautrin se retrouve ce matin ministre démissionnaire, quelques heures après avoir été officiellement reconduite avec un portefeuille élargi (elle avait été nommée ministre chargée du Travail, de la Santé, des Solidarités, des Familles, de l’Autonomie et des Personnes handicapées). Ce nouveau coup de théâtre, qui prolonge une période d’instabilité politique sans précédent, ouvre la porte à d’autres possibilités évoquées par les partis d’opposition, en premier lieu une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale. Il suscite en tout cas une vive amertume chez Philippe Besset. « J’ai été touché par la déclaration de Sébastien Lecornu ce lundi matin (le Premier ministre démissionnaire s’est exprimé devant Matignon à 10 h 45). Il faut essayer de renoncer aux ego pour pouvoir avancer. Cette ligne de conduite n’est visiblement pas celle qui a été adoptée par certains de nos députés », regrette-t-il.
Campagne de vaccination
Grippe : jusqu’où va la tolérance pour vacciner avant le 14 octobre ?
Journée nationale des aidants
Réflexe aidants, un dispositif pour soutenir les aidants en officine
Campagne de prévention
Mois sans tabac : préparez vos outils !
Exercice professionnel
Vaccination grippe avant le lancement officiel : remboursée ou pas ?