En colère et déterminés à se faire entendre, près d’une centaine de pharmaciens marseillais a manifesté le 1er juillet devant les grilles fermées de la CPAM des Bouches-du-Rhône. Comme ailleurs en France, ils protestaient contre la baisse brutale du plafond de remise sur les médicaments génériques. Ils ont été rejoints par une dizaine de kinés, remontés, quant à eux, contre le report des revalorisations tarifaires conventionnelles.
Tous les pharmaciens portaient des gilets vert fluo tirant sur le jaune, comme symbole de leur ras-le-bol. « Le gilet, c’est pour montrer que la coupe est pleine », explique Katia Belaroussi, pharmacienne dans le 3e arrondissement de Marseille et vice-présidente de la FSPF des Bouches-du-Rhône. C’est aussi un avertissement : « Nous sommes prêts à aller plus loin, jusqu’à une grève illimitée en journée. »
90 % des pharmacies de garde en grève
La profession dénonce une mesure tombée sans concertation. « Nous sommes assez choqués. C’est arrivé brutalement et je pense que peu de pharmacies survivront à un abaissement du plafond des remises sur les génériques », poursuit-elle. « Dans ma pharmacie, je prévois une perte annuelle de 75 000 euros, soit l’équivalent du salaire de deux préparateurs ou d’un pharmacien. Je vais devoir travailler 90 heures par semaine pour compenser. On ne tiendra pas. » Même inquiétude chez Sandra Malka, installée dans le 12e arrondissement de la ville. « Dans mon officine, la baisse représente plus de 50 000 euros. » La pharmacienne a également rejoint la grève illimitée des gardes depuis le mardi 2 juillet, suivie par 90 % des pharmacies des Bouches-du-Rhône, selon les syndicats.
Pour Stéphane Pichon, président du conseil régional de l’Ordre des pharmaciens PACA-Corse, la profession se trouve au pied du mur. « Cette réduction drastique des remises sur les génériques va retirer jusqu’à 30 % de l’excédent brut d’exploitation [EBE] des officines. Les pharmacies ne pourront plus payer leurs équipes. » Quant aux gilets portés par les manifestants marseillais, le message est clair : « Il y a quelques années, le gouvernement a fait face à des gens portant les mêmes couleurs. Nous aussi, nous sommes prêts à nous révolter », prévient Stéphane Pichon.
À Nice, entre actions coup de poing et opération escargot
À Nice, la mobilisation s’est traduite par des actions d’une intensité inédite. D’après Cyril Colombani, président de l’USPO 06, entre 40 et 50 pharmaciens ont participé à une opération escargot dans le centre-ville, à bord d’une trentaine de voitures. « Nous sommes partis de l’ARS pour rejoindre la CPAM. Le trajet prend normalement dix minutes. Nous avons mis plus de deux heures », explique-t-il. Devant la caisse départementale, les manifestants ont déversé, à l’aide d’un camion-benne, des dizaines de tiroirs en provenance d’une officine ayant fermé plus tôt dans la journée, faute de repreneur. Des fumigènes ont également été lancés devant le bâtiment. « 100 % des pharmacies de garde du département sont en grève depuis ce mardi », précise Cyril Colombani. Et ce n’est qu’un début : « Vu que le gouvernement fait la sourde oreille, nous sommes prêts à bloquer les dépôts de médicaments… ou même le Tour de France, s’il le faut. »
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