« On nous a dit à midi, que nous devions être partis pour 21 heures Et sans possibilité de revenir ! », explique Carole Soumaille, co-titulaire de la pharmacie Victor Hugo à Bordeaux. En effet, ce 27 août, la mairie vient de prendre un arrêté de mise en sécurité de son immeuble en raison de dégradations structurelles. Cinq immeubles voisins sont aussi évacués. Une procédure dictée par la prudence car, deux mois plus tôt, trois immeubles du centre-ville bordelais se sont effondrés, faisant trois blessés.
Pour la pharmacienne, la surprise est totale : « Par le passé, nous avions bien constaté des fissures dans la cave où nous stockons nos papiers. Mais des experts nommés par le syndic de l’immeuble avaient écarté tout danger. » Néanmoins, fin août, Carole Soumaille remarque une chute de gravats dans sa cave. Elle contacte le syndic qui fait appel à un expert et avertit la mairie. Le 27 à midi, le verdict tombe : il faut évacuer. Un périmètre de sécurité est mis en place et les lieux gardés jour et nuit.
Six semaines de fermeture
« Nous avions une après-midi pour nous retourner », se souvient la consoeur. Passé la stupéfaction, l’équipe officinale engage une course de vitesse : prévenir les patients qui ont des ordonnances en attente, les malades chroniques, les médecins du quartier et les confrères : « Les officines du voisinage avec qui nous nous entendons très bien, ont pris le relais. Elles ont assuré ! se réjouit Carole Soumaille. Dans ces moments, on a l’impression que tout vous échappe. On n’a pas eu le temps de vérifier qu’on n’avait rien oublié en partant. Le week-end, je n’ai rien pu manger… Nous pensions que les travaux engagés nous permettraient de rouvrir le mercredi suivant. Puis, on nous a annoncé trois semaines ; finalement, l’officine a été fermée six semaines. »
D’où une nouvelle avalanche de tracasseries : gérer les livraisons qui s’annoncent (vaccins anti-covid pour les médecins, vaccins anti-grippe), le courrier qui n’arrive plus, les apprentis qui doivent signer leur contrat et débuter en septembre…
Maintenir l’officine à flot
« Il faut vivre au jour le jour », souligne Carole Soumaille. Mais un nouveau choc l’attend : « Au premier contact, notre assurance nous a dit : votre immeuble n’est pas effondré, il n’y a donc pas de sinistre, donc pas d’indemnisation. Vous imaginez le coup au moral ! Heureusement, dans un second temps, elle a accepté d’indemniser la perte d’exploitation. Je ne sais pas ce qu’on aura. C’est encore flou. De même, pour le personnel que nous avons, bien entendu, continué de payer. Nous espérons que dans cette tourmente, l’assurance nous permettra de maintenir le bateau à flot ? »
Pour l’heure, les travaux de consolidation sont achevés et la Pharmacie Victor Hugo a rouvert ses portes lundi 11 octobre. Mais l’inquiétude demeure. En effet, ces travaux ne sont valides que 6 mois. Période qui doit permettre aux experts d’établir les causes du problème, définir des solutions et proposer leur financement aux copropriétaires. L’officine n’étant que locataire, elle n’aura guère de prise sur le dossier qui pourrait aboutir à une nouvelle phase de travaux (avec ou sans fermeture), voire la démolition : « Dans ces cas, l’assurance nous suivra-t-elle ? Existe-t-il une entraide professionnelle ? s’interroge Carole Soumaille. Nous vivons avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. »
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