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Médicaments et pesticides : tout le littoral français est contaminé

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Publié le 16/10/2025
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Crédit photo : VOISIN/PHANIE

De la Baie de Somme à Bonifacio, l’eau de mer et les mollusques sont pollués par des herbicides, pesticides et produits pharmaceutiques, dont le paracétamol. Y compris au large et loin des sources d’émissions.

Sur la totalité des quelque 5 500 kilomètres de littoral qui longent l’Hexagone, l’eau de mer et l’écosystème marin recèlent des pesticides, des herbicides et des résidus de médicaments. Ce bilan affligeant émane d’une étude publiée par l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer) à l’issue d’une campagne inédite par son ampleur géographique mais aussi par la quantité de substances organiques recherchées (102).

Dans le cadre du projet Emergent’Sea, des chercheurs de l'Ifremer, ainsi que les scientifiques d’une unité de recherche de l'Université de Bordeaux et du CNRS, ont analysé plus de 11 300 résultats issus de prélèvements, réalisés entre 2021 et 2023. Avec de la Baie de Somme, à la Corse, en passant par la Manche, le même constat : 77 % des substances « quantifiables » sont quantifiées en eau marine (51/66 substances) et 65 % dans les mollusques (34/52 substances). Les substances qui ont été le plus souvent retrouvées dans l’eau de mer sont des herbicides, des métabolites du métolachlore (un désherbant) ou l'atrazine, un herbicide délétère pour la santé, interdit depuis une vingtaine d'années en Europe. Mais aussi sept médicaments qui, recherchés dans l’eau de mer, sont également présents dans les eaux des littoraux. Les plus fréquents sont le paracétamol, comme l’indique le quotidien « Le Monde » sur la base de ce rapport, « la carbamazépine et l’oxazépam ». Ces trois composés étant quantifiés sur plus de 80 % des points de suivi, toujours selon « Le Monde ». Dans les mollusques, parmi les 65 % de substances recherchées quantifiées au moins une fois, la contamination est surtout issue d'herbicides et de produits antifouling, revêtement biocide employé sur la coque des navires.

Le tableau dressé par les chercheurs est d’autant plus alarmant que ces résidus se retrouvent même dans des endroits éloignés des sources de pollution. En moyenne, 15 substances ont été mesurées par point de suivi dans l'eau de mer, et jusqu'à 28 substances pour certaines zones du littoral. « Tous les points échantillonnés présentent des contaminations », souligne Isabelle Amouroux, responsable de l'unité Contamination chimique des écosystèmes marins à l'Ifremer. Ainsi des traces de produits antifouling ont été retrouvées jusqu’à Ouessant, pourtant éloignée de 13,5 milles (25 km) de la pointe bretonne. Et sur le littoral de cette île, jusqu'à deux substances pharmaceutiques et quinze pesticides ont été mesurés. « Il reste désormais à définir des seuils d'effets pour pouvoir interpréter ces données et évaluer s'il existe un risque pour les écosystèmes marins », a précisé Isabelle Amouroux, soulignant qu'il existe également « des effets cocktails difficiles à appréhender ».

Avec l’AFP


Source : lequotidiendupharmacien.fr