Les pharmaciens étaient pourtant bien partis et s’étaient inscrits en grand nombre aux formations. Mais aujourd’hui quinze mois après son démarrage, force est de constater que le dispositif connaît quelques freins. Résultat : sur la seule année 2018, alors que l’accord conventionnel en prévoyait 400 000, à peine 20 000 bilans partagés de médication ont été menés, selon les estimations. Ce début d’année ne semble pas plus florissant.
Le défi que pose cette nouvelle mission inscrite à l'avenant 11 de la convention pharmaceutique, mérite cependant d’être relevé. Car le bilan partagé de médication permet au pharmacien de prouver une nouvelle plus-value de son expertise du médicament. Ce rôle est d’ailleurs très attendu des pouvoirs publics en matière de réduction de l’iatrogénie et des hospitalisations des personnes âgées. Les syndicats s’en étaient d'ailleurs portés garants. Ils n’ont depuis cessé de le rappeler à leurs confrères, « si les pharmaciens ne se saisissent pas de cette nouvelle opportunité, d’autres s’en chargeront à leur place ».
Pourtant le bilan partagé de médication séduit. En témoignent les titulaires qui se sont lancés. Répondant à une véritable évolution de leur métier, le bilan partagé de médication soulève leur enthousiasme et celui de leurs patients. « Ils ne nous regardent plus de la même façon », se félicite Eric Ruspini, pharmacien titulaire à Gerbéviller (Meurthe-et-Moselle). Membre du bureau de la Société française de pharmacie clinique, il a eu l’idée de demander à ses patients d'apporter leurs boîtes de médicaments à l'entretien. « Une situation en vie réelle qui révèle ainsi, de manière concrète, les risques d’iatrogénie, mais aussi les confusions qui peuvent émerger, notamment lorsque nous sommes obligés de jongler avec les génériques en raison des ruptures de stocks », décrit le titulaire. Eric Ruspini en est persuadé, la profession va parvenir à relever le défi.
Un démarrage avant l'été
Il faudra pour cela lever certaines barrières qui, pour certaines, relèvent de l’assurance-maladie, exhortée par les pharmaciens à simplifier les modalités d’inscription sur le site amelipro.
Nicolas Revel, interpellé le 30 janvier dernier à la tribune des 11es Rencontres de l'USPO, a proposé aux pharmaciens de participer à la configuration de la nouvelle copie. Une main tendue dont va se saisir la profession. Le directeur général de l’assurance-maladie n’en attend pas moins un décollage des bilans de médication d’ici à la fin du premier semestre.
Restera un dernier réglage : l’interopérabilité entre le logiciel métier et le compte amelipro. En effet, comme le déplorent les pharmaciens, « nous passons trop de temps à retranscrire les données, alors que nous devrions rester concentrés sur le patient ».
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