Vaccinations, TROD, entretiens…

Nouvelles missions : les pharmaciens plus engagés, et mieux rémunérés ?

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Publié le 09/01/2025
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Selon les chiffres de l’Observatoire de l’économie publiés en décembre, les pharmaciens sont de plus en plus nombreux à participer aux nouvelles missions qui leur sont confiées. Une diversification souvent considérée comme un levier de croissance face à une marge officinale qui peine à décoller.

Entre janvier et octobre 2024, le nombre de TROD angine réalisés à l’officine a augmenté de 190 %

Entre janvier et octobre 2024, le nombre de TROD angine réalisés à l’officine a augmenté de 190 %
Crédit photo : PHANIE

Les missions et services aux patients sont en plein essor, selon les chiffres de l’Observatoire de l’économie officinale fournis par l’assurance-maladie aux syndicats de pharmaciens le 11 décembre. Entre janvier et octobre 2024, on observe une hausse de 190 % du nombre de TROD angine réalisés par rapport à l’année précédente et jusqu’à +1 447 % pour la remise du kit de dépistage du cancer colorectal. Quant à la vaccination, 93 % des officines réalisent aujourd’hui des rappels, pour plus de 300 000 doses administrées chaque mois, sur les deux derniers mois. Signe que la vaccination à l’officine est désormais entrée dans les habitudes des patients. Avec le remboursement récent du vaccin contre le zona à tous les plus de 65 ans et aux adultes immunodéprimés, la vaccination par les préparateurs inscrite dans le droit commun et l’arrivée prochaine de nouveaux vaccins, le nombre de vaccinations réalisées à l’officine pourrait doubler d’ici à 2027… où l’acte vaccinal sera mieux rémunéré.

La participation aux entretiens augmente

Autre satisfecit : entre octobre 2023 et octobre 2024, la proportion d’officines réalisant des entretiens courts pour la femme enceinte est passée de 20 % à 30 %, la réalisation de TROD angine de 60 % à 75 %, ou encore la remise du kit de dépistage du cancer colorectal de 89 % à 99 %. Propulsés dans la convention médicale signée avant l’été, le nombre de bilans partagés de médication (BPM) réalisés à l’officine a grimpé de 107 % et la proportion de pharmacies en réalisant a presque doublé : elle est passée de 6 % à 11 %. Augmentation aussi pour la participation aux autres entretiens d’accompagnement : de 5 % à 8 % pour les entretiens anticancéreux oraux, de 4 % à 9 % pour les entretiens AVK, AOD, asthme… Faut-il y voir un effet de la ROSP exceptionnelle de 400 euros versée à tout pharmacien réalisant au moins un entretien auprès de patients atteints de maladies chroniques en 2024 ? Dans les nouveautés de l’année, 6 % des pharmacies se sont lancées dans les bilans de prévention et 56 % dans les TROD cystite.

Bien qu’en termes de marge, ces missions ne représentent que quelques dizaines de millions d’euros sur 7 milliards d’euros, elles commencent à peser pour certaines pharmacies. Notamment dans un contexte où la croissance reste timide. En cumul fixe entre janvier et octobre 2024, l’assurance-maladie constate une hausse de la marge brute de 1,8 %. « Tout compris, ne manque pas de relever Guillaume Racle, conseiller économie et offre de santé à l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Sauf que dans le détail, si l’on regarde les jours ouvrés, il y a eu 1 % de jours ouvrés en plus entre janvier et octobre 2024. Il y aura 1 % de jours ouvrés en moins pour le reste de l’année. Donc à la fin de l’année, on aura plutôt une hausse de 1 %. Avec une hausse des salaires de 1,8 %, les comptes n’y seront pas. »

25 millions d’euros de rémunération supplémentaire

Sur le cœur de métier, selon les chiffres présentés par l’assurance-maladie, la rémunération liée à l’ordonnance (marge et honoraires) est en hausse de 3 % sur les dix premiers mois de l’année par rapport à la même période en 2023, à 4,861 milliards d’euros. Soit 1,354 milliard d’euros pour la marge réglementée, 2,157 milliards d’honoraires de dispensation à la boîte, 1,329 milliard d’honoraires à l’ordonnance et enfin 21 millions d’honoraires complexes. « C’est la MDL (marge dégressive lissée), à +5,3 %, qui tire la croissance, portée par les médicaments chers, commente Guillaume Racle. Mais les médicaments chers sont répartis de façon très différente selon les pharmacies. » Pour Julien Chauvin, président de la commission Études et stratégie économiques de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), « on reste sur la trajectoire des projections données lors des discussions sur l’avenant conventionnel signé en juin ».

Quant aux autres éléments de rémunération, ils marquent une hausse de 2,1 %, soit 25 millions d’euros. Cette croissance est composée par les rappels vaccinaux (+ 12,5 millions d’euros), la remise du kit de dépistage du cancer colorectal (+7,2 millions d’euros), le TROD angine (+2,5 millions d’euros) et, dans une moindre mesure, par le TROD cystite (+1,5 million d’euros). Il n’en reste pas moins que ces différentes missions ne compensent en rien la perte de volume engendrée par le recul des rémunérations liées au Covid. Ainsi, le volume de rémunération engendré par les tests antigéniques et les autotests Covid tout comme les vaccins et la vaccination était en retrait de 54 millions d’euros à fin octobre. Toutefois, la quasi-totalité des officines reste engagée dans ces missions liées au Covid à des taux bien supérieurs à ceux relevés pour les missions de droit commun. Ainsi, entre janvier et octobre 2024, 90 % du réseau ont continué de vacciner contre le Covid, 89 % ont effectué des TAG et 81 % ont encore été rémunérés pour distribuer des masques.

A.-H. C. et M. B.

Anne-Hélène Collin

Source : Le Quotidien du Pharmacien