À quelques jours du début de l'examen du PLFSS pour 2023 en séance publique à l'Assemblée nationale, la riposte contre l'article 30 s'organise du côté des pharmaciens. Grève des gardes, DASRI sur le trottoir, fermeture des officines… plusieurs options sont déjà sur la table.
Rarement un article du PLFSS n'avait suscité autant de défiance. L'article 30 est aussi bien vilipendé par les groupements, les syndicats, les grossistes-répartiteurs que par les industriels. Tous réclament le retrait pur et simple du projet, qui prévoit la mise en place d'appels d'offres sur les médicaments, notamment les génériques, et s'opposent également à la volonté de mener une expérimentation sur une classe thérapeutique précise (les inhibiteurs de la pompe à protons en l'occurrence) pour ne pas ouvrir la boîte de Pandore. « Si on met en place un appel d'offres comme le prévoit le PLFSS, il sera remporté par un laboratoire étranger, vraisemblablement asiatique. Nous serons alors dépendants de ce laboratoire, les autres molécules ne seront plus remboursées, ce qui entraînera encore davantage de ruptures et de tensions d'approvisionnement », annonce déjà Pierre-Olivier Variot. Le président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) ne se prive pas de rappeler que ce système d'appels d'offres a été mis en place à l'étranger (Danemark, Andalousie…), avec des résultats désastreux selon lui. « Si ce projet va au bout, ce sera une catastrophe sur le plan économique, pour l'accès aux soins et pour l'observance des traitements », prédit Pierre-Olivier Variot. Il redoute aussi que des industriels quittent le marché français et s'inquiète des conséquences pour les officines, notamment rurales. Selon une estimation du GEMME, 4 000 d'entre elles pourraient être contraintes à la fermeture si les desseins de l'article 30 se concrétisent.
Pour alerter sur les risques considérables que fait peser l'article 30 sur le monde pharmaceutique, les syndicats ont déjà commencé à organiser la riposte. En fin de semaine dernière, des affiches ont été mises à la disposition des officinaux pour qu'ils informent leurs patients, lesquels sont aussi invités à signer une pétition. Le premier étage de la fusée, en attendant des actions d'une tout autre ampleur. « Nous allons nous réunir mardi soir, 18 octobre, pour réfléchir aux mesures suivantes, explique le président de l'USPO. On envisage plusieurs actions : une grève des gardes, une grève des commissions paritaires avec l'assurance-maladie, mettre les DASRI sur le trottoir, dans des boîtes fermées pour éviter tout risque, fermer les officines, comme en 2014, et manifester. » C'est à partir du 20 octobre, date du début de l'examen du PLFSS dans l'hémicycle, que ces mesures graduées doivent commencer à se mettre en place, selon un calendrier qui reste à définir et qui dépendra, bien sûr, de l'évolution du dossier. En parallèle, pharmaciens locaux et syndicats continuent à sensibiliser les élus sur les risques que fait peser l'article 30 sur le maillage territorial des officines. « La seule barrière que nous nous sommes fixée, c'est de ne pas prendre en otage les patients. Donc pas de grève de la vaccination ou des TROD, prévient le président de l'USPO. Si on baisse le rideau, on repoussera ces actes d'une journée. Nous ne fermerons pas forcément plusieurs jours d'affilée et il restera, quoi qu'il arrive, au moins une pharmacie de garde. »
Dans la semaine, un sondage va être proposé aux pharmaciens au niveau national pour savoir combien d'entre eux sont prêts à se mobiliser, et potentiellement à faire grève. Selon l'USPO, des consultations au niveau local montrent une très forte adhésion des officinaux, avec près de 95 % des pharmaciens favorables dans certaines régions comme PACA. « Nous voulons absolument le retrait du texte, confirme de son côté Philippe Besset, le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). D'ici au 20 octobre, il faut que notre mobilisation porte, l'action de faire grève et de manifester est déjà prévue, elle sera actée si rien ne vient de la part du gouvernement », annonce-t-il. Philippe Besset veut toujours croire qu'il ne sera pas nécessaire d'en arriver jusque-là mais si grève il devait y avoir, elle aurait lieu entre le 20 octobre et 7 novembre, jour de l'examen du texte au Sénat.
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