Le Quotidien du pharmacien.- Quel regard l’universitaire porte-t-il sur la multiplication des expérimentations impliquant les liens ville-hôpital ?
Bertrand Décaudin.- Très tournées vers l’accompagnement du patient, les facultés de pharmacie sont particulièrement impliquées dans l’évolution des pratiques professionnelles des pharmaciens afin de concevoir de nouveaux actes et de nouveaux parcours pour répondre à ces enjeux. L’université se pose notamment en ressort méthodologique. À Lille, la faculté de pharmacie dispose d’un département pharmacie d’officine qui travaille avec le département médecine générale de la faculté de médecine. Ils mobilisent ensemble les unités de recherche de l’université en lien avec les services du CHU. Cet apport m’apparaît déterminant pour notre expérimentation article 51 Iatroprev. L’université y trouve toute sa place dans la conception du parcours, y compris l’ergonomie du système d’information, l’évaluation et la formation.
Dans quelle mesure l’enseignement et la formation des futurs pharmaciens tiennent-ils compte de ces évolutions du terrain ?
Il est important que les étudiants bénéficient, au travers de leur formation, de la montée en puissance de ces nouveaux actes et disposent des compétences qu'ils requièrent. Ils peuvent contribuer à ces expérimentations à travers des mises en situation dans la pharmacie pédagogique ainsi que lors de leurs stages hospitaliers en 5e année et en pharmacie d’officine en 6e année. Nous disposons, dans notre encadrement, d'une vingtaine de pharmaciens spécialisés en pharmacie clinique. Les étudiants sont donc formés à l’identification et à la prévention des risques iatrogènes, ainsi qu'à l’accompagnement du patient lors du retour à domicile. Par ailleurs, nous mettons en place des séminaires de révision médicamenteuse associant étudiants en pharmacie et internes de gériatrie et des séances de simulation à la communication interprofessionnelle avec les internes de médecine générale. Concernant Iatroprev, nous organisons avec l’URPS Pharmaciens Hauts-de-France des revues de cas ouvertes à tous les pharmaciens d’officine.
Quelle contribution l’université peut-elle apporter dans l’approche scientifique de ces expérimentations ?
Les étudiants ont la possibilité de participer à des travaux en lien avec une thématique de santé publique au cours de leur stage. Cette démarche permet non seulement de monter en compétences sur la réalisation d’entretiens à l’officine, mais aussi, grâce à l’analyse des données, de déboucher sur la valorisation d’un acte officinal au travers de publications scientifiques. Des initiatives pluriprofessionnelles ont déjà contribué à faire progresser la recherche en pharmacie d’officine. Ces projets pédagogiques peuvent également servir de substrats à la recherche. Nous nous trouvons donc dans une boucle vertueuse qui associe tous les acteurs. Au cœur de ces relations, l’université s’impose comme un maillon fort.
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