La Pharmacie du Marché

À l’officine comme dans l’avion

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Publié le 10/04/2025

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Épisode 269. Marion présente à Alice le rapprochement surprenant qui peut être fait entre le pharmacien d’officine et l’hôtesse de l’air.

- L’ordonnance est pour un mois. Vous êtes sûr d’avoir donné ce qu’il faut ? dit le patient en agitant sa main couverte d’un gros bandage.
- Je vous ai expliqué, Monsieur, répond tranquillement Marion. Je donne la quantité pour une semaine, donc une seule boîte. Ça sera même pour dix jours plus précisément. Passé cette période, il est fort possible qu’un autre type de pansement soit nécessaire. C’est l’infirmière qui le dira.
- Ah d’accord, répond l’homme en soupirant. Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour son chat !
En voulant protéger son chat Maine coon contre un chien, l’homme a été profondément griffé à la main et au bras.
- Mon chat était terrorisé ; c’est pour ça qu’il m’a griffé.
- Il ne vous a pas raté. Vous êtes à jour de vos vaccinations ?, demande la pharmacienne.
- Le médecin a vérifié ; tout est OK.
Il regarde Marion ranger les médicaments et les pansements dans le sac en papier puis reprend :
- Le paracétamol suffira à soulager mes douleurs ?
- Normalement, oui. N’hésitez pas à rappeler le médecin si ça ne va pas. Dans tous les cas, ne dépassez pas la dose de 1 g toutes les 4 à 6 heures, sans dépasser 3 g par jour.
- Oui, oui, je sais.
L’homme repart avec son traitement.
Pendant toute la journée, Marion enchaîne des délivrances de paracétamol. À chaque fois que la pharmacienne précise les modalités de prise de l’antalgique, on lui répond la même rengaine :
- Oui, oui, je sais.
À quelques minutes de la fermeture, Alice retrouve Marion à son comptoir :
- Quel monde aujourd’hui !
- J’ai eu l’impression de ne délivrer que du paracétamol et de répéter la même chose toute la journée.
- Je ne sais pas si c’est pertinent de donner à chaque fois la posologie, surtout quand il y a une ordonnance, dit l’étudiante. Ça les saoule et ça m’énerve quand ils me répondent qu’ils savent…
- Sur ce point, j’ai ma théorie. Tu as déjà pris l’avion ?
- Oui, répond Alice intriguée par la question de sa collègue.
- À chaque fois que tu prends l’avion, avant le décollage, tu as droit aux consignes de sécurité, n’est-ce pas ?
Marion se met au milieu de la pharmacie et commence à imiter l’hôtesse de l’air :
- Les sorties de secours, le masque qui tombe, la bouée autour du cou qui gonfle en tirant sur le bitoniau rouge.
Alice rit aux éclats devant cette démonstration impromptue.
- Est-ce que tu écoutes l’hôtesse ? Est-ce que quelqu’un dans l’avion regarde l’hôtesse donner ses consignes de sécurité ?, demande Marion, redevenue sérieuse.
- Non, répond franchement Alice qui commence à comprendre le raisonnement de la pharmacienne.
- Les consignes de sécurité en avion, c’est comme les consignes de bon usage du paracétamol. Personne n’écoute, mais il faut les rappeler à chaque fois, que les gens soient habitués ou non.
- Tu es brillante, dit Alice dont les applaudissements attirent le reste de l’équipe.
- On s’amuse bien ici, demande Nicole Bertin en s’approchant de ses collègues.
Marion s’apprête à répondre quand Christèle l’interrompt :
- Excuse-moi Marion, mais je viens d’apprendre quelque chose qui me laisse sans voix.
- Raconte…
- Madame Rahia…
- Quoi ?
- Elle est enceinte.
Nicole Bertin, qui habituellement ne manifeste guère d’émoi, laisse éclater sa surprise :
- Mais elle a presque mon âge !
- Elle a 58 ans.

(à suivre…)