Pharmabest est le troisième groupement français parti à la conquête de l’Espagne. La pharmacie d’Aluche à Madrid, 500 m2, ouverte 24 heures/24, passera bientôt au rose du spécialiste des grandes pharmacies. « Francisco et Oscar Martin, le père et le fils, nous ont approchés, raconte le président David Abenhaim. Ils sont très attachés à l’indépendance des pharmaciens, comme nous. » Les Madrilènes prennent la tête de Pharmabest Espagne en tant que, respectivement, président du conseil d’administration et président exécutif. « Grâce à leur réseau, une dizaine de grosses pharmacies vont nous rejoindre cette année à Valence, Malaga, Barcelone, Tolède… Elles seront une cinquantaine d’ici deux - trois ans.»
Le modèle des pharmacies XXL est encore peu développé sur la péninsule. « C’est une pharmacie traditionnelle, centrée sur la distribution du médicament, comme en France il y a 15 à 20 ans, explique David Abenhaim. Mais, les pharmaciens anticipent la baisse de rentabilité du médicament, et veulent se diversifier vers la dermocosmétique et les compléments alimentaires comme nous l’avons fait avant eux. » Les premières officines à rejoindre Pharmabest comptent parmi les plus grosses du réseau espagnol: 400 à 500 mètres carrés, 5 à 6 millions de chiffre d’affaires. « Des entrepreneurs dynamiques qui veulent changer de modèle. »
Une opportunité
Hygie31, basé à Toulouse, a franchi le premier les Pyrénées, en 2022 : le groupe a racheté un groupement catalan de 135 officines, soit 200 millions d’euros de chiffre d’affaires, devenu Ecoceutics. 35 pharmacies ont été réaménagées selon le concept Lafayette, sous le slogan localisé « La salud para todos ». Fin mars, ces dernières affichaient une croissance moyenne de 16% du chiffre d’affaires sur un an contre 6% pour le réseau officinal. « Notre stratégie n’est pas artisanale, mais industrielle, avance Hervé Jouves pour expliquer cette croissance. Ecoceutics, ce sont 35 collaborateurs dédiés au commerce, au développement, à l’animation... Des partenariats avec 70 laboratoires et une dizaine d’accords-cadres. Qui d’autre dispose d’une telle force de frappe ? »
Si l’Espagne a été la première étape vers l’internationalisation, c’est par opportunité. « Les dirigeants catalans ont rencontré d’autres groupements français, mais ils nous ont choisi pour notre modèle. » Remboursement par la Sécurité sociale, capital des officines fermé, pas de vente d’OTC en dehors du réseau officinal… Les proximités avec la France sont nombreuses. « Mais le chiffre d’affaires moyen est plus bas qu’en France, 900 000 euros en moyenne, il faut avoir la capacité de les développer. D’où l’intérêt d’un modèle industriel comme le nôtre. » Ses concurrents lui ont emboîté le pas. « Tant mieux, ajoute-t-il. Le marché va comprendre la force d’une enseigne. »
Des outils de merchandising
« Il y a surtout une demande de la part des pharmaciens espagnols pour un modèle alternatif, rectifie David Abenhaïm, président de Pharmabest. Ils se sentiraient enfermés dans un modèle financiarisé, sans capacité de décision. Chez nous, tout le monde est actionnaire, les comptes sont présentés à tous, les bénéfices sont redistribués aux adhérents. »
Au-delà de ses marques propres, Pharmabest entend exporter son savoir-faire en merchandising : organisation de l’espace, plan de circulation, politique de prix, outils de fidélisation. « Nos confrères espagnols ne connaissent pas les mécaniques de massification ou de promotion. »
« Ils n’ont pas connu de guerre des prix », confirme Bertrand Pagès, cofondateur de Médiprix. Le groupement, basé à Montpellier, a ouvert l’adhésion aux pharmaciens espagnols, en 2024. Une quinzaine de pharmacies l’ont rejoint à ce jour. « C’est une adhésion organique, au même rythme qu’en France. Des titulaires qui croient aux mêmes valeurs que nos adhérents français ». Au premier semestre 2025, le groupement a adapté ses services digitaux. « Si le marché espagnol a effectivement un certain retard en terme d’offre commerciale, il va vite le rattraper grâce à la bonne santé des officines. La valorisation est de l’ordre de 2 à 3 fois le chiffre d’affaires. Elles ont besoin de dynamique, mais ne sont pas en difficulté économique. »
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