Les associations se multiplient et les cessions de titres gagnent du terrain, représentant 47 % des transactions
La dynamique observée en 2023, sur le marché des transactions serait-elle, déjà, en train de fléchir ? L’année passée dénote en tout cas des signes de faiblesses. Le nombre d’opérations est passé à 1 442 contre 1606, un an plus tôt. Soit une baisse de 10 % des mutations d’officines au cours de l’année 2024. La faute, comme l’analyse Interfimo à l’origine de ces statistiques, à un contexte politique et économique incertain, à une baisse de la rentabilité des officines, secouée par la hausse des charges de personnels, des frais généraux et par une inflation résiduelle. Mais conséquence mécanique, aussi, du rétrécissement d’un marché qui perd environ 240 officines par an. Le nombre de cessions de fonds est historiquement bas, insiste Interfimo, « ces transactions ne représentent plus que 53 % des opérations, en dépit des possibilités offertes par l’amortissement du fonds de commerce. » Signe des temps, et surtout d’une génération de professionnels de santé, les associations se multiplient et les cessions de titres gagnent du terrain, représentant 47 % des transactions. Un mouvement, accentué par un climat économique poussant à atteindre une taille critique et qui est particulièrement favorable aux officines plus importantes. Ainsi, selon l’étude Interfimo, en 2024, une pharmacie sur quatre, qui a fait l’objet d’une transaction, affichait un chiffre d’affaires de plus de 3 millions d’euros. Un an auparavant, elles ne représentaient que 18 % des opérations. La course à la taille tend à s’accélérer : 12 % des officines vendues en 2024 enregistraient un chiffre d’affaires supérieur à 4 millions d’euros, elles n’étaient que 7 % un an plus tôt.
Un fossé sur le réseau
Les officines d’un chiffre d’affaires de 1,2 à 2 millions d’euros se cèdent désormais à 1,13 million d’euros, en moyenne, soit 8 % de moins qu’en 2023
Dans ce contexte, un autre constat pourrait paraître contre intuitif. Car, moins nombreux, les fonds cédés perdent aussi en valeur. À l’exception des pharmacies d’un chiffre d’affaires supérieur à 3 millions d’euros, dont le prix de vente moyen reste étale à 3,72 millions d’euros, toutes les autres voient leur prix baisser (voir graphiques). Les plus durement touchées sont les officines d’un chiffre d’affaires de 1,2 à 2 millions d’euros. Elles se cèdent désormais à 1,13 million d’euros, soit 8 % de moins qu’en 2023. Quant à leurs homologues enregistrant un chiffre d’affaires entre 2 et 3 millions d’euros, elles voient leur prix de vente baisser de 7 % à 1,95 million d’euros. Signe alertant, le prix moyen de vente des petites officines (chiffre d’affaires inférieur à 1,2 million d’euros) est historiquement bas. Elles se sont cédées en moyenne à 54 % de leur chiffre d’affaires contre 59 % en 2023. En Île-de-France, le prix moyen a même atteint 44 % du chiffre d’affaires ! « Le fossé se creuse entre petites et grandes pharmacies. Le marché s’oriente vers de pharmacie de taille importante au détriment des plus petites. »
Plus que jamais la taille et la rentabilité s’imposent comme les critères de valorisation. Ce que confirme Olivier Mercier, président du directoire d’ Interfimo, « les enjeux de rentabilité sont d’autant plus forts que la transformation du secteur s’accélère. » Avec un écueil toutefois comme le souligne l’étude d’Interfimo « le marché n’intègre pas suffisamment la baisse de la rentabilité dans ses prix de vente. La baisse des prix de vente n’a pas été aussi forte que celle subie par l’excédent brut d’exploitation (EBE). » Cet indicateur a d’ailleurs peu de signification si on ne prend pas en compte son érosion constante depuis 2021-2022 (-14 %), toutes typologies d’officine confondues. Néanmoins, la valorisation calculée sur l’EBE semble exponentielle. Elle remonte à 7,2 fois leur EBE contre 6,4 en 2023 pour les pharmacies d’un chiffre d’affaires supérieur à 1,2 million d’euros. Les officines dont le chiffre d’affaires est supérieur à 3 millions d’euros se cèdent en moyenne à 8,1 fois leur EBE. L’attractivité de ces pharmacies a permis de maintenir leur prix de vente en euros, en dépit d’une baisse de la rentabilité.
Des signes de faiblesse
La baisse générale de la rentabilité suscite également une frilosité plus importante de la part des organismes prêteurs qui peuvent, note Interfimo, « exiger des niveaux d’apports plus conséquents ». Sans compter que cette baisse de la rentabilité, à laquelle contribue la part croissante des médicaments chers (plus de 150 euros) qui ont augmenté leur part dans le chiffre d’affaires de 10 % en 2024, a un impact très lourd sur les finances de l’officine. Le taux de marge globale n’atteint plus que 28,3 %, rappelle Interfimo, soit un niveau jamais vu depuis les années 2009-2010.
Cette rentabilité en déclin a des répercussions importantes sur le niveau de trésorerie. « Cette baisse des flux financiers peut avoir des conséquences financières très lourdes, notamment pour les petites pharmacies endettées ou les acquisitions récentes effectuées à des prix trop élevés », met en garde Interfimo. Rien d’étonnant que, sous ce poids, le maillage officinal plie. Le nombre de défaillances de pharmacie est passé de 97 en 2023 à 140 un an plus tard. Soit 6,9 procédures pour 1 000 officines, contre 4,8/00 en 2023. Parmi elles, les redressements sont particulièrement nombreux : 51 contre 28 en 2023. Des statistiques qu’il faut replacer dans la tendance nationale, tempère Interfimo. L’Hexagone a enregistré 67 830 défaillances d’entreprise au cours de l’année dernière, du jamais vu depuis 2019. Certes, ces défaillances sur le réseau officinal n’en demeurent pas moins un indicateur de fragilité. Épargnant la Corse, elles touchent en priorité les DOM-TOM avec un taux de défaillances de 11,4/00 officines mais aussi un axe allant de l’Île-de-France à la Provence-Alpes-Côte d’Azur et à l’Occitanie, en passant par la Bourgogne et l’Auvergne-Rhône-Alpes. Un signal qui ne peut que trouver de l’écho à l’heure où représentants de la profession, autorités sanitaires et organismes payeurs, cherchent à déterminer les territoires fragiles et les pharmacies qui peuvent y être identifiées.
Les premières installations représentent plus de la moitié des dossiers étudiés par Interfimo en 2024. Des opérations qui tendent à renchérir puisqu’elles atteignent en moyenne un montant de 2,2 millions d’euros, contre 2,1 millions en 2023 et 2 millions d’euros en 2022. Pourtant, 17 % des premières installations concernent des pharmacies d’un chiffre d’affaires inférieur à 1,2 million d’euros.
Dans 68 % des cas, il s’agit d’acquisition de fonds. Le primo-accédant, dont l’âge moyen est de 35 ans est à 58 % une femme (52 % en 2023). Le montant de l’emprunt reste quasiment stable à 1, 26 million d’euros.
Une idée de l’assurance-maladie
Médicaments, pansements : quelle est cette expérimentation contre le gaspillage ?
A la Une
Révision de la grille des salaires : ce qui va changer
Expérimentation
Vaccination du voyageur chez Wellpharma
Mécénat Chirurgie Cardiaque
Challenge cœurs actifs, le tour du monde de Pharmactiv