Assise dans la salle à manger, Androline écoute son père d’une oreille distraite.
- Androline, soyez raisonnable. Pharmacien n’est pas un métier de femme.
- Et pourquoi pas ?, répond effrontément la jeune fille. Il y a bien des femmes médecins aux États-Unis d’Amérique. Je veux devenir pharmacien, et je serai même la première…
- Et certainement pas la dernière, répond sa mère pour encourager sa fille à ne pas renoncer à son choix.
- Madeleine, je vous en prie, grimace Edmond Domergue. Vos lectures vont monter à la tête, ma fille. Être la première femme pharmacien ! Et pourquoi pas « pharmacienne » pendant qu’on y est… Androline, à l’école de pharmacie, il n’y a que des garçons très convenables et très intelligents…
- Notre fille est bien plus intelligente.
- C’est bien vrai, réplique Alice, la bonne.
- Alice, on ne vous demande pas de commentaire. Je ne dis pas que tu n’es pas intelligente Androline, bien au contraire. Mais si tu tiens tellement à travailler, choisis au moins un métier de femme. Je ne sais pas…
- Ministre ?, plaisante la jeune fille.
- Votre insolence est à la hauteur de votre ambition. Ou l’inverse. Une femme, pharmacienne, ministre. Il n’y a que dans les livres de votre George Sand qu’on peut imaginer pareille stupidité.
Ne trouvant plus d’arguments, l’homme s’assoit et ferme les yeux, comme pour se ressourcer. Androline se lève et vient l’enlacer :
- Papa, mon papa. Vous m’aiderez n’est-ce pas ? Je ne peux pas y arriver sans vous. Vous savez combien j’aime la botanique et la chimie. C’est vous-même qui m’avez offert l’année dernière, à Noël, un livre de Marcelin Berthelot. Je l’ai dévoré…
- Auriez-vous donc un esprit scientifique mon enfant ?, demande le père, radouci.
- Je le crois papa.
- Ça c’est vrai, elle fait des expériences bizarres dans ma cuisine la p’tite…
- Alice !, gronde M. Domergue.
- Alice ? Alice ? C’est moi, Karine. Réveille-toi, dit la pharmacienne en touchant doucement l’étudiante endormie sur le canapé de la salle de repos.
- Androline ?
- Non, c’est Karine. Il est 21 heures, il faut rentrer chez toi.
- Je rêvais, c’était étrange. Karine, si vous saviez comme c’est passionnant de découvrir la vie de toutes ces femmes qui ont été pionnières dans les sciences, et dans la pharmacie.
- J’avoue ne jamais m’y être intéressée mais je vais rattraper mon retard grâce à toi. D’ailleurs, qui est cette Androline ?
- Elle est la première femme qui a suivi des études de pharmacie à la fin du XIXe siècle. C’était à Montpellier. Quel cran ! Elle a réussi ses études avec brio…
- Avec qui ?, demande J-C en entrant dans la salle de repos.
Voyant que sa plaisanterie tombe à l’eau, il se reprend :
- Il faut avoir la culture du Splendid pour comprendre. Vous dormez là ?
- Figure-toi que nous parlons de celles qui ont ouvert le monde de la pharmacie aux femmes.
- C’est grâce à des Androline Domergue et des Henriette Mazot que nous pouvons être pharmaciennes aujourd’hui. Je voudrais d’ailleurs intituler ma thèse « les filles d’Androline », dit Alice.
- Ces filles, ce sont nous. Bien trouvé Alice, sourit Karine.
(à suivre…)
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