Cas de comptoir
Le contexte : « J’ai eu des rapports sexuels non protégés, j’ai peur d’être enceinte et d’avoir le SIDA. Je voudrais me tester… »
Votre réponse : « De quand datent les rapports sexuels ? Avez-vous habituellement des cycles réguliers ? Connaissez-vous la date de vos dernières règles ? Les autotests VIH que je peux délivrer ne permettent pas d’obtenir un résultat pour les 3 derniers mois mais il y a d’autres possibilités. »
Définitions
- Un autotest est un dispositif médical de diagnostic in vitro (DMDIV) destiné à être réalisé à domicile par un non professionnel (prélèvement, lecture et interprétation des résultats). Il renseigne une personne sur la présence ou non d’un marqueur biologique. Les résultats sont à confirmer par un test réalisé en laboratoire de biologie médicale pour permettre un diagnostic, en regard des signes cliniques.
- L’autotest de grossesse détecte dans les urines la présence de gonadotrophine chorionique humaine (hCG), sécrétée par le placenta dès l’implantation dans l’utérus de l’œuf fécondé, vers le 8e jour après la fécondation. Elle est entre autres responsable du maintien de la production de progestérone par le corps jaune, créant ainsi un environnement propice à la croissance de l’embryon.
- L’autotest d’ovulation détecte dans les urines l’hormone lutéinisante (LH), qui permet principalement la formation du corps jaune en seconde partie de cycle, ainsi que la lutéinisation (transformation cellulaire des cellules de la granulosa en grandes cellules lutéales), source de progestérone.
- L’autotest VIH permet de détecter indifféremment la présence de virus VIH-1 et VIH-2 (virus de l’immunodéficience humaine), des rétrovirus dont le VIH-1 représente 99 % des cas de contamination en France et en Europe.
- Les autotests Covid-19 permettent de détecter les antigènes du virus SARS-Cov-2 à partir d’un prélèvement nasal.
- Les autotests infection urinaire permettent de détecter la présence de leucocytes, nitrites, sang et protéines à partir d’un échantillon d’urine ou en urinant directement sur la bandelette.
Zoom sur la physiopathologie
L’hormone hCG devient détectable par les tests urinaires de grossesse environ deux jours après le début de sa production, soit à partir du 10e jour après la fécondation. Son taux augmente ensuite de façon exponentielle (avec des variations selon chaque femme), jusqu’à se stabiliser vers la 10e semaine puis diminuer lentement.
Les autotests urinaires de grossesse fonctionnent selon une réaction d’immuno-chromatographie : l’hCG urinaire se fixe à des anticorps mobiles colorés qui migrent par capillarité. Le complexe hCG-anticorps marqué est ensuite reconnu par un second anticorps présent à l’emplacement de la deuxième barre (la première barre étant le témoin de l’efficacité du test).
L’hormone lutéinisante est libérée à forte dose à partir de 24 à 36 heures avant l’ovulation (c’est le pic ovulatoire, en même temps que le pic de la FSH), avant de rediminuer après celle-ci. La plupart des tests urinaires d’ovulation reposent sur une réaction d’immuno-chromatographie détectant ce pic de taux de LH, la fertilité étant maximale dans les 48 heures qui suivent.
Les autotests sanguins VIH permettent la détection des anticorps anti-VIH1 et/ou anti-VIH2, par méthode immuno-chromatographique, à partir d’une goutte de sang capillaire prélevée au bout du doigt. Si ces anticorps sont présents, ils vont se fixer aux antigènes VIH-1/2 fixés sur le support du test. C’est ce complexe antigène-anticorps qui sera révélé par l’apparition d’une deuxième bande colorée sur le test, en sus de la réaction « contrôle ».
Les autotests infection urinaire reposent sur :
- La recherche de leucocytes grâce à une réaction impliquant le sel de diazonium et l’estérase leucocytaire, et engendrant une coloration de beige à violet ;
- La recherche de nitrites (provenant de l’action des bactéries Gram -) grâce à une réaction de diazotation de nitrites, produisant un sel de diazonium se couplant avec un réactif du test (changement de couleur du blanc au rose) ;
- La recherche de protéines est basée sur le phénomène connu sous le nom d'« erreur protéique » des indicateurs de pH (bleu de tétrabromophénol) : l'anion produit par les indicateurs de pH se combine avec le cation produit par la protéine, faisant passer la couleur du jaune au vert bleu ;
- La recherche de sang.
Conduite à tenir
Autotests de grossesse
La plupart de ces tests recommandent une utilisation à partir du premier jour de retard des règles, sauf tests précoces ou très précoces. Il est préférable d’effectuer le test sur les premières urines du matin, plus concentrées en hCG, en prenant soin de maintenir le test vers le bas. Puis le temps de lecture dépend de chaque test.
Les tests de grossesse sont très fiables, à condition de ne pas les utiliser trop tôt après la fécondation (attention donc aux cycles irréguliers) et de ne pas boire excessivement avant le test.
La pilule contraceptive ne peut pas fausser le test, mais la prise de traitements contre l’infertilité (à base d’hCG) le peut.
Autotests d’ovulation
La plupart se réalise à partir de 17 jours en moyenne avant la date présumée des règles. Ils se réalisent quotidiennement pendant plusieurs jours, jusqu’à la positivité (synonyme du pic). Ils sont à réaliser au même moment de la journée chaque jour, certains étant recommandés sur les premières urines du matin, d’autres à tout moment de la journée. Quoi qu’il en soit, il est conseillé de ne pas uriner et d’éviter de boire beaucoup dans les heures précédant le test.
Prévenir la patiente que des traitements, notamment contre l’infertilité, peuvent influencer le test : hormone lutéinisante, hCG… ; le citrate de clomifène n’affecte pas le test mais en revanche, il peut perturber la durée du cycle.
Aux femmes qui demandent la différence entre le test d’ovulation et la méthode de température corporelle : le pic de température corporelle indique que l’ovulation a déjà eu lieu, alors que le pic du test d’ovulation indique que l’ovulation est sur le point de se produire. Les tests d’ovulation ne sont pas à utiliser comme moyen de contraception.
Les tests d’ovulation ne sont pas à utiliser comme moyen de contraception
Autotests VIH
La délivrance d’un autotest VIH nécessite un accompagnement rigoureux :
- Le dispenser dans un espace de confidentialité ;
- Identifier les situations d’urgence pour orienter vers un service hospitalier : risque de contamination datant de moins de 48 heures (mise en place d’un traitement post-exposition), prise de risque récente et présence d’un syndrome infectieux (évaluation de l’intérêt d’un traitement antirétroviral) ;
- S’assurer que le dépistage par autotest est adapté : dernière prise de risque datant de plus de 3 mois (consultation nécessaire sinon) ;
- Aborder éventuellement la contraception d’urgence ;
- Orienter si besoin vers une consultation médicale : traitement antirétroviral curatif ou préventif en cours (autre modalité de dépistage), lorsque le dépistage d’autres maladies infectieuses semble nécessaire, pour la prise en charge d’une contraception complémentaire…
- Bien expliquer le fonctionnement du test : le test peut être fait à tout moment de la journée ; prélever la goutte de sang sur l’extrémité latérale d’un doigt puis déposer dans le puits de la cassette et ajouter le réactif dans l’autre puits ; à l’issue du délai d’attente, vérifier la présence de la marque contrôle ; toute marque visible à l’issue du délai doit être prise en compte, quelle que soit son intensité ; l’autopiqueur étant un déchet à risque infectieux, la filière DASRI doit être respectée ; si le test est positif, un test ELISA en laboratoire sera indispensable pour contrôler la positivité, ainsi qu’une consultation médicale et du soutien psychologique ; il est possible de dispenser le test à un mineur (en adaptant alors les informations et les conseils prodigués à la maturité de l’utilisateur) mais l’orientation vers des structures compétentes est souhaitable.
3 mois Le résultat d’un autotest VIH n'est fiable que si la prise de risque date de plus de 3 mois
Autotests Covid-19
Ils sont maintenant bien connus du grand public. Utilisés pour la recherche rapide de cas suspects de Covid-19, ils se pratiquent à l’aide d’un écouvillon nasal. Rappeler au patient de ne pas nettoyer la cavité nasale avant le test pour éviter que le contenu viral soit trop faible (attendre 30 minutes si un lavage a été réalisé). L’écouvillon est à insérer dans chaque narine à une profondeur de 2 à 4 cm (1 à 2 cm pour les enfants). Le patient doit ensuite frotter l’écouvillon lentement avec des mouvements rotatifs sur la paroi latérale de la narine 5 fois pendant 7 à 10 secondes. L’écouvillon doit ensuite bien être pressé et tourné dans le tube d’extraction avant d’utiliser le test pour la lecture.
Une ligne de test, même de couleur faible, est signe d’un résultat positif.
Autotests infection urinaire
L’interprétation de ces tests n’est pas toujours évidente pour le patient. En effet, par exemple, les résultats des leucocytes peuvent être faussement positifs par une contamination de l’échantillon par des pertes vaginales (d’où l’importance d’un nettoyage soigneux avant le test) ou leur intensité peut baisser avec une forte concentration en glucose, une présence importante d’albumine, une concentration élevée en formaldéhyde, la présence de sang… L’acide ascorbique peut également fausser les résultats des nitrites. Des urines très basiques ou des urines turbides peuvent fausser le résultat des protéines.
Que faire suite à un test positif à l’un des paramètres ? La patiente devra soit consulter un médecin, soit consulter un pharmacien qui réalisera un TROD (test rapide d’orientation diagnostique) et pourra lui dispenser un antibiotique en l’absence de critères d’exclusion.
Les produits du conseil
Tests de grossesse
La plupart des tests de grossesse détectent l’hormone hCG à partir du 1er jour de retard de règles (sensibilité à partir de 20 à 25 mUI/ml), avec 99 % de fiabilité. Les différences entre eux résident dans l’affichage (1 ou 2 barres, un « + » ou un « - », affichage digital « Enceinte » ou « Pas enceinte »…), le délai de lecture (1 à 3 minutes), l’ergonomie du test, la présence d’un ou deux tests dans la boîte, la présence de voyant lumineux qui indique si la quantité d’urine prélevée est suffisante, la présence d’un indicateur de progression pendant l’attente suivant la réalisation du test, le prix… Attention : pour les tests à barres, la ligne de test peut devoir être équivalente ou plus foncée que la ligne témoin pour indiquer la positivité.
D’autres tests de grossesse proposent une détection plus précoce de la hCG dès 10 à 15 mUI/ml (Exacto détection précoce, Clearblue early, Alvita Ultra précoce, Suretest précoce…), permettant non seulement de répondre aux attentes des femmes désireuses de connaître les résultats le plus tôt possible (jusqu’à six jours avant la date du retard de règles) mais aussi aux femmes ne connaissant qu’approximativement voire pas du tout la date des prochaines règles (respectivement 51 % et 15 % d’après un sondage IFOP) : le décompte peut alors se faire non pas en fonction de la date des prochaines règles mais en fonction de la date du rapport sexuel. Attention : le taux de hCG est tout de même variable chez les femmes. Si le test est négatif à ce stade, conseiller à la patiente d’attendre au moins 3 jours avant de refaire un test. Encore plus détaillé, Clearblue propose un test estimant l’âge de grossesse (nombre de semaines depuis la conception).
Tests Covid seuls ou combinés
Les autotests Covid-19 sont nombreux. Certains sont complétés d’un test grippe et/ou VRS (virus respiratoire syncytial).
Par exemple, l’autotest 3 en 1 All in triplex (Covid-19, grippe, bronchiolite) utilise des anticorps monoclonaux pour détecter des antigènes cibles spécifiques du virus respiratoire syncytial (sensibilité 87,2 %), de l’influenza A ou B (sensibilité 92,3 %) et du Sars-CoV-2 (sensibilité 94,39 %). Il est destiné aux patients sans facteur de risque spécifique (maladies chroniques, immunodépression, âgés extrêmes) et présentant des symptômes légers (fièvre légère ou mal de gorge) ou à des patients cas contact ou pour surveiller l’évolution d’un diagnostic positif récent. Le principe reste le même : une barre de contrôle pour un test négatif et 2 barres pour un test positif, avec des couleurs différentes pour chaque pathologie testée. Il peut être utilisé chez l’adulte et l’enfant.
Quelques autres autotests
Parmi les tests VIH commercialisés : Exacto HIV, Autotest VIH Mylan…
Parmi les tests urinaires : Biosynex Autotest infection urinaire, Mytest Infection urinaire, Medisur Infection urinaire…
Les lecteurs de glycémie sont classés comme des autotests.
Plus globalement, de nombreux autotests sont mis sur le marché, visant à détecter la présence de nouveaux marqueurs biologiques impliqués dans diverses pathologies : infertilité, maladie de Lyme, pathologie de la prostate, ménopause, cholestérol…
Pour être vendus en pharmacie, les autotests doivent être conformes à la réglementation européenne et porter un marquage CE avec le numéro de l’organisme de contrôle.
Pour la plupart des autotests, aucun critère d’évaluation ni niveau de performance à atteindre ne sont clairement définis. Quelques exceptions : les lecteurs de glycémie qui doivent suivre la norme ISO EN NF 15197. Les autotests VIH doivent atteindre des performances, par exemple la sensibilité doit être de 100 %.
Testez-vous
1. Les tests urinaires peuvent détecter l’hormone hCG :
a) 8 jours après la fécondation ;
b) 10 jours après la fécondation ;
c) 6 jours après a fécondation.
2. L’hormone lutéinisante :
a) Est libérée 24 à 36 heures avant l’ovulation ;
b) Se maintient pendant 8 jours ;
c) Subit un pic en même temps que la FSH.
3. La présence de leucocytes dans les urines :
a) Se teste via l’estérase leucytaire ;
b) Est souvent associée à la présence de nitrites ;
c) Peut venir des pertes vaginales.
4. Un autotest HIV :
a) N’est adapté que si la dernière prise de risque date de plus de 3 mois ;
b) Doit être délivré dans un espace de confidentialité ;
c) Ne peut pas être délivré à un mineur.
5. L’autotest Covid-grippe-bronchiolite :
a) Permet de détecter la maladie sur des symptômes légers ;
b) Fonctionne par immuno-chromatographie ;
c) Est utilisable seulement chez l’adulte.
Réponses : 1. b) ; 2.a), c) ; 3. a), b), c) ; 4. a) b) ; 5. a), b).
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