Le dispositif d’écoute et d’accompagnement psychologique pour les professionnels de la santé, SPS, a enregistré 7 000 appels en 2024, passant un cap encore jamais atteint. Créé en 2016, il avait enregistré environ 6 000 appels par an depuis le Covid. « La hausse de 16 % s’explique en partie par une meilleure visibilité : nous avons notamment signé des partenariats avec plusieurs CPTS, mais la souffrance a toujours existé chez les professionnels de santé », analyse Catherine Cornibert, présidente de l’association Soins aux professionnels de santé (SPS).
À cela s’ajoute une prise de conscience qu’« on ne peut pas prendre soin des autres si on ne va pas bien soi-même », souligne-t-elle. « Quand les officinaux s’automédiquent au lieu d’échanger avec un autre professionnel de santé ou quand ils passent vite à autre chose après une agression au comptoir, à un moment le corps craque », explique celle qui est aussi docteur en pharmacie. « Ce n’est pas un hasard si 40 % des appels nous arrivent la nuit et le dimanche, lorsqu’ils se retrouvent seuls face à leur anxiété. »
100 % des appels sont décrochés
Au numéro vert 0 805 23 23 36 ou sur l’application mobile Asso SPS, 120 psychologues se relaient 24h sur 24. 100 % des appels sont décrochés. Ils durent en moyenne 29 minutes. En 2023, les sujets professionnels étaient davantage abordés : conflit avec des collègues, surcharge de travail, inquiétudes économiques… En 2024, dans plus de la moitié des cas, les préoccupations sont d’ordre personnel. « Difficultés de sommeil, de gestion des émotions, séparations, temps dans les transports… La charge mentale et l’épuisement peuvent avoir des répercussions sur le travail et sur les collègues. »
Les appelants, à 70 % des femmes, n’indiquent pas toujours leur profession. Aussi le nombre exact de pharmaciens ayant recours au dispositif reste dans l’ombre. Au moins 83 appels contre 70 l’année précédente, soit une hausse de 20 %. « L’augmentation des violences verbales, a un coût sur la santé mentale des officinaux, souligne la présidente de SPS. Les ruptures de stocks créent des tensions au comptoir avec les patients et un stress pour arriver à trouver le médicament. »
Les psychologues écoutants peuvent réorienter vers un réseau de 400 psychologues de proximité, pour une séance en face-à-face. « On propose 50 euros par séance, pour les deux premières », précise Catherine Cornibert. Près de 70 % des appels font l’objet d’une réorientation, vers un psychologue, le médecin traitant, le psychiatre ou vers les interlocuteurs du travail. Par ailleurs, pour apprendre à se ressourcer, SPS propose des ateliers de prévention. 7 500 professionnels ont été formés. « Nous proposons une boîte à outils, chacun peut y trouver l’accompagnement dont il a besoin ».
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