Des endocrinologues et gastro-entérologues alertent sur la diffusion de messages de désinformation circulant sur les réseaux sociaux. Leur promesse : faire baisser le taux de cortisol pour retrouver le sommeil, la forme, la ligne… Aucune donnée scientifique ne valide ces affirmations.
Si un patient vous confie s’inquiéter de son taux de cortisol, il se pourrait qu’il ait été exposé à une fausse information circulant sur les réseaux sociaux. D’après des pseudo-experts, les troubles du sommeil, l’anxiété, la prise de poids, la frilosité, l’irritabilité… seraient autant de signes « d’un taux de cortisol trop élevé » qu’il faudrait faire baisser. « Si tu te reconnais dans au moins un de ces symptômes, ce programme est fait pour toi », promet un de ces spécialistes autoproclamés. Leur but : vendre des tests de dosage du taux de cortisol, ainsi que des compléments alimentaires, des boissons détox et des régimes, pour faire baisser l’hormone stéroïdienne.
Le cortisol, produit par les glandes surrénales, joue bien un rôle dans la régulation du stress, du métabolisme ou du système immunitaire, rappellent des endocrinologues interrogés par l’AFP. Sa libération suit un rythme circadien, avec un pic le matin, puis une diminution progressive au fil de la journée. Elle peut être perturbée par des évènements stressants. Mais, avoir un taux de cortisol trop élevé ou trop faible relève d’affections rares, comme le syndrome de Cushing (excès) ou la maladie d’Addison (déficit). En dehors de ces cas spécifiques, il est inutile de se préoccuper de son taux de cortisol ou d’une éventuelle « fatigue surrénalienne ».
Selon la Société française d’endocrinologie, il n’existe « aucune preuve scientifique permettant de confirmer que la fatigue surrénale est une affection médicale ». Une revue de 58 études, publiée en 2016, concluait même à un « mythe ». Autre affirmation non vérifiée : le cortisol empêcherait de maigrir et serait responsable de l'apparition d'un ventre gonflé ou d'un visage bouffi. En dehors des affections précitées, le stress quotidien ne provoque pas de tels changements physiques.
Outre les produits vendus dont « aucune donnée clinique ne démontre d’effets bénéfiques », selon Thibault Fiolet, docteur en santé publique, les médecins s’inquiètent de l’explosion d’un marché d’analyses biologiques non encadré. Des dosages de cortisol dans la salive ou des analyses du microbiote permettraient « de mettre en évidence des déficits » non visibles « avec la médecine conventionnelle », explique Pauline Guillouche, hépato-gastro-entérologue. Ces tests « absolument pas fiables » coûteraient entre 300 et 1 500 euros. Du matériel pour réaliser un prélèvement « à la maison » est également vendu sur Internet, en dehors du circuit des laboratoires d’analyse médicaux. « Outre la perte d’argent », il existe un risque d’errance pour ces personnes, persuadées d’avoir une affection, et qui risquent de « se détourner de la médecine », dénonce Pauline Guillouche.
Avec l’AFP
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