Le nombre de signalements d’intoxication au protoxyde d’azote explose, avec des conséquences souvent graves. En cause, un déficit en vitamine B12 dû à l’utilisation de protoxyde d’azote. Mais se supplémenter en B12 pour éviter les effets indésirables du protoxyde d’azote n’est pas une option.
Les signalements d’intoxications liées à l’usage détourné du protoxyde d’azote, « gaz hilarant » ou « proto » sont en constante augmentation, s’inquiètent les autorités de santé : + 30 % entre 2022 et 2023 (à 472 signalements) dans les centres d'évaluation et d'information sur la pharmacodépendance-addictovigilance (CEIP-A) et + 20 % (305 signalements) dans les centres antipoison et de toxicovigilance (CAP-TV), comptent l’Agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé (ANSM), l’Agence nationale de sécurité de l’alimentation (Anses) et Santé publique France dans un communiqué commun du 16 avril.
Depuis 2020, les signalements d’intoxications sont trois fois plus nombreux et les cas graves d’addictovigilance ont été multipliés par 3,8. « Pour la première fois, les CEIP-A et CAP-TV ont reçu les signalements de deux nouveau-nés présentant des troubles neurologiques à la naissance dans un contexte d’usage détourné et répété du protoxyde d’azote par la maman pendant la grossesse », souligne l’ANSM, qui alerte les femmes enceintes et en âge de procréer.
Le protoxyde d’azote empêche la vitamine B12 (cobalamine) de jouer son rôle et entraîne un déficit. La vitamine B12 est un coenzyme indispensable, intervenant dans la synthèse de la myéline, des purines et des pyrimidines, ou encore dans les voies de synthèse du succinyl-CoA et du cycle de Krebs.
Si la vitamine B12 est utilisée en traitement de cas d’intoxication, « se supplémenter en vitamine B12 n’est pas suffisant pour contrer les effets néfastes du protoxyde d’azote. Si on continue à consommer du protoxyde d’azote, la vitamine B12 sera systématiquement neutralisée et inefficace », préviennent les autorités. Avec un conseil radical : « Pour protéger sa santé, la meilleure solution est de ne pas consommer de protoxyde d’azote. »
Le protoxyde d’azote modifie les sensations et diminue les réflexes. La consommation répétée et à intervalles rapprochés et/ou à fortes doses peut entraîner des complications graves avec notamment des troubles de l’usage (perte de contrôle de la consommation) et de la dépendance, des complications neurologiques qui représentent 80 % des signalements (troubles sensitifs et/ou moteurs, douleurs nerveuses intenses), des troubles cardiovasculaires (thromboses et embolie pulmonaire), des symptômes psychiatriques (hallucinations, épisodes délirants, troubles de l’humeur). Les consommateurs sont jeunes, 22 ans de moyenne d’âge.
En cas d’engourdissements dans les bras et les jambes, de sensation de brûlure ou de décharge électrique, de picotements, de perte du toucher, de difficultés à marcher ou à bouger, orienter la personne vers un médecin ou contacter le centre antipoison (01 45 42 59 59) ou un centre d'évaluation et d'information sur la pharmacodépendance addictovigilance. En cas de suspicion de consommation importante avec dépendance, orienter le patient vers une prise en charge addictologique adaptée (ex : Centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie, ou CSAPA).
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