Un mois après le déconfinement

La reprise économique tarde pour l’officine

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Publié le 30/06/2020
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La pharmacie espérait un retour au trafic habituel à la sortie du confinement, avec les ventes qui y sont associées. Les dernières données du GERS à la mi-juin douchent cet espoir. La reprise se fait encore attendre, dans toutes les régions de France et pour toutes les typologies d’officine.

La reprise se fait attendre selon les données du GERS

La reprise se fait attendre selon les données du GERS
Crédit photo : Phanie

Après un très mauvais mois d’avril, l’officine enregistre un tout aussi mauvais mois de mai, déplore Patrick Oscar, délégué général du GIE GERS, qui ne s’attendait pas à de tels chiffres en sortie de confinement. La deuxième semaine de juin suggère néanmoins un retour à la vie d’avant Covid-19, ce qui reste à confirmer car elle bénéficie d’un jour ouvré de plus qu’en 2019.

Ainsi, en mai, le médicament remboursable recule de 12,2 % par rapport à mai 2019 et le non remboursable de 25,7 %. En observant l’évolution du chiffre d’affaires de l’officine selon trois périodes – avant (du 1er janvier au 15 mars), pendant (du 16 mars au 10 mai) et après confinement (du 11 mai au 14 juin) – il est difficile de se réjouir. Les ventes de médicaments gagnent 3 % en période 1, chutent de 7 % ensuite et se stabilisent à -3 % après confinement. Les médicaments prescrits en ville sont les moins bien lotis : -2 %, -11 % et -4 %. Les médicaments conseil ne s’en sortent pas beaucoup mieux : +7 %, -5 %, -4 %. La prescription hospitalière croît de 9 % avant le confinement, revient à 0 % en période 2 et baisse de 1 % après déconfinement. Les médicaments du répertoire des génériques sont « logés à la même enseigne » avec, en mai, un recul en valeur de 7,3 % pour les génériques et de 30,2 % pour les médicaments d’origine.

La semaine 24 (8 au 14 juin) laisse entrevoir une éclaircie pour le chiffre d’affaires de l’officine issu de la prescription de ville (+5 %) et hospitalière (+8 %), mais pas du médicament conseil (-2 %), malgré une belle progression (16 % en semaine 23). Globalement le médicament d’automédication (non remboursable et remboursable non présenté au remboursement) est en récession. Les ventes chutent au mois de mai de 17,6 % en valeur et de 18,7 % en volume. Sur les cinq premiers mois de 2020, le recul est de 4,2 % en chiffres d’affaires et de 1,1 % en unités. Enfin, en cumul mobile annuel (mai 2019-mai 2020), le chiffre d’affaires de l’automédication baisse de 3,9 % et les unités vendues de 2,1 %.

Le rôle de l'implantation

Le marché du selfcare, habituellement tonique, peine lui aussi à retrouver son dynamisme. Après le pic enregistré la première semaine de confinement, il est en recul depuis le 23 mars avec une moyenne à -6 % jusqu’au 10 mai, puis à -9 % entre le 11 mai et le 14 juin. Quant à la dermocosmétique, le secteur est porté quasiment par les seuls gels et solutions hydroalcooliques (SHA). En volume, ce marché augmente de 31 % entre le 3 février et le 15 mars ; de 12 % pendant le confinement ; de 10 % jusqu’au 14 juin. Mais si on retire les SHA de ce marché, la dermocosmétique croît de 9 % jusqu’au 15 mars, puis chute de 12 % pendant le confinement et de 11 % par la suite. En valeur, le marché, même avec les SHA, est en recul depuis le 16 mars, en lien avec l’encadrement des prix intervenu le 5 mars.

En parallèle, les données du trafic officinal expliquent ces maigres résultats, avec une involution toujours présente sur l’ensemble du territoire, particulièrement marquée pour la Bretagne, l’Île de France et la Corse (entre -10 % et -16 %). Les Hauts-de-France, le Centre-Val de Loire et les Pays de la Loire s’en sortent le moins mal (entre -1 et -4 %). Les grosses officines sont toujours les plus touchées. Pour les deux premières semaines de juin, le trafic chute de 21 % pour les officines de plus de 7 millions d’euros et de 15 % pour celles dont le chiffre d’affaires se situe entre 4,5 millions et 7 millions. Avec un chiffre d’affaires inférieur à 2,3 millions d’euros, le recul du trafic est de 9 %. L’implantation joue également un rôle : la baisse de trafic est de 13 % pour les pharmacies de centres commerciaux contre 7 % en milieu rural.

Mélanie Mazière

Source : Le Quotidien du Pharmacien