La reine des près (Filipendula ulmaria (L.) Maxim, Rosacées) est une plante herbacée pouvant atteindre 1,50 mètre de haut, commune dans les zones humides, les prairies inondables et les bords de rivière d'Europe du nord, d'Amérique du nord et d'Asie occidentale. Sa tige anguleuse porte de grandes feuilles divisées en 5 folioles dentées vert foncé sur le dessus et vert blanchâtre sur le dessous. À l'extrémité de la tige, de petites fleurs blanchâtres à cinq pétales, dégageant un parfum suave et délicat, sont regroupées en grappes et font le délice des abeilles. La reine des près doit son nom à son port altier et élégant quand elle se dresse majestueuse. L'espèce régresse dans de nombreuses régions en raison de la réduction des zones humides liée au drainage.
Aldéhyde salicylique et salicylate de méthyle
Herbe sacrée chez les druides, la reine des près était un symbole de paix, de pureté, d'amour et de protection dans les traditions celtes. La théorie des signatures nous indique qu’elle pousse dans des terrains marécageux et qu'elle soignerait les fièvres contractées dans les marais. Au Moyen Âge, elle est recommandée comme sudorifique et antidiarrhéique, mais c'est au XVIIIe siècle qu'elle est indiquée contre « les douleurs aux jointures » et la « cachexie » qui suit les fièvres « quarte automnales », une fièvre intermittente liée au paludisme. Au XIXe siècle, elle est utilisée en voie orale contre les douleurs, la goutte, les gastrites et la fièvre et en application locale sur les articulations douloureuses. Les fleurs servent aussi à la préparation de vins aromatiques.
Les fleurs renferment une huile essentielle riche en aldéhyde salicylique et en salicylate de méthyle, plus abondants au stade précoce de la floraison ; ils sont métabolisés en acide salicylique dans l'intestin. Elles renferment aussi des flavonoïdes (spiréoside, rutoside, hypéroside, astragaline), des ellagitanins qui seront métabolisés en urolithine dans l'intestin, et des minéraux (calcium et magnésium).
L'aldéhyde salicylique fut isolé en 1829 par Pierre-Joseph Leroux, un pharmacien français, puis oxydé en acide salicylique. Hoffmann, dont le père ne supportait pas l'amertume de l'acide salicylique qui le soulageait de sa polyarthrite rhumatoïde, ajouta, d'après les travaux de Gerhard, un groupement aldéhyde et obtint l'acide acétylsalicylique. L'aspirine était découverte, « a » signifiant acétyle et « spir » en souvenir de Spirea ulmaria, ancien nom latin de la reine-des-prés, appelée aussi spirée. L'aspirine fut développée par les laboratoires Bayer à partir de 1899.
Une action contre l’arthrose
Les effets anti-inflammatoire et immunomodulateur ont été démontrés : l'acide salicylique inhibe des médiateurs de l'inflammation comme les cyclooxygénase (COX-1 et COX-2), les prostaglandines et le facteur d'activation des plaquettes (PAF). L'urolithine diminue le TNF et l'IL-6. 1 ml de salicylate de méthyle est équivalent à 1,4 g d'aspirine. Une étude clinique confirme son action dans l'arthrose.
Des actions antiagrégantes plaquettaires et anticoagulantes sont démontrées de telle sorte que l'on ne le conseillera pas avec des traitements anticoagulant, antalgique et diurétique avec élimination de sodium.
Les sommités fleuries exercent un effet gastroprotecteur et la décoction empêche la formation d’un ulcère de contrainte chez le rat et protège la muqueuse de l’estomac d’une gastrite induite par l’alcool. En effet, le principe actif de la reine des prés, l'acide salicylique, n'est présent que dans l'intestin suite à une biotransformation.
Des extraits alcooliques et aqueux de fleurs ont in vitro des effets antibactériens contre le staphylocoque doré, le streptocoque hémolytique, Escherichia coli, Shigella flexneri et Klebsiella pneumoniae et Listeria monocytogenes.
Des extraits méthanoliques de fleurs freinent la formation de calculs d'acide urique et des extraits alcooliques et aqueux de feuilles favorisent l'élimination rénale d'oxalate de calcium chez des rats rendus urolithiasiques avec de l'éthylèneglycol.
Jacques Fleurentin
Repères
Les sommités fleuries sont traditionnellement indiquées par voie orale et en usage externe dans le traitement symptomatique des manifestations articulaires douloureuses mineures ; elles facilitent par voie orale le traitement de la douleur dentaire, des céphalées, de l’état grippal et fébrile et favorise les fonctions d’élimination urinaire et digestive ainsi que l’élimination rénale d’eau.
La reine-des-prés est dispensée en pharmacie ou dans tout commerce, les sommités fleuries sont inscrites à la Pharmacopée européenne.
Du bon usage des plantes qui soignent (2022) Fleurentin J., Ed Ouest France, 414 p
www.ethnopharmacologia.org
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