Muscade, bois de santal, benjoin, cannelle, myrrhe, clou de girofle, ces effluves parfumés diffusaient dans l’air du Moyen Âge et de l’époque classique leurs bienfaits, vapeurs réputées pour chasser les mauvaises odeurs mais surtout les risques de contagion, en particulier le démon de la peste qui faisait, à ces époques, des ravages. Anti-épidémiques donc.
Miasmes et microbes
Sous la forme de petits sachets en tissus renfermant des poudres odoriférantes, de pommes d’ambre contenant de la crème solide, de brûle-parfum ou même de petits carrés de cuir que l’on imprégnait d’huiles parfumées, l’objectif était que la bonne senteur recouvre les mauvaises odeurs, donnant l’illusion d’une atmosphère plus saine et moins sujette aux risques d’infection.
Le XIXe siècle, grand chantre de l’hygiénisme, va vouloir révolutionner tout ce qui a trait à la pureté de l’air. Le voici en quête de chasser miasmes et microbes. Il faut alors trouver des solutions pour désodoriser. Et le souci n’est plus uniquement l’intérieur bourgeois. On vise les espaces publics et notamment les hôpitaux. Papier d’Arménie et bougies odoriférantes font alors florès.
Un fumivore hygiénique
C’est alors qu’un préparateur en pharmacie parisien, travaillant en officine, se pose aussi toutes ces questions, cherchant à rendre l’air moins vicié, notamment en chassant les exhalaisons de cigares et en purifiant les chambres d’hôpitaux et les morgues. Il a l’idée d’utiliser la combustion catalytique afin de mettre au point une lampe qu’il décrit comme étant un « diffuseur fumivore hygiénique » qui « aspire et absorbe la fumée du tabac et toutes mauvaises odeurs, ainsi que celles de cuisine » peut-on lire sur certaines étiquettes qui mentionnent l’adresse du pharmacien Maurice Berger au 18 rue Duphot à Paris. Il en avait déposé le brevet en 1898 et la commercialisation débuta en 1902.
Bientôt, le petit brûleur devient un objet de décoration tendance, sa forme en poire pouvant revêtir couleurs et reliefs architecturés. Sa connivence avec les flacons de parfum étant évidente. C’est ainsi que le produit pharmaceutique va devenir un objet suivant les formes de l’Art Nouveau et de l’Art Déco. « Nickelée blanche à facettes, dorée, en cristal d’art Gallé ou en cristal de Baccarat », la lampe se pare d’atours artistiques et ce sont les marques et manufactures réputées qui s’intéressent à cet objet qui orne désormais les intérieurs à la mode. Lalique, Baccarat et Gallé donc, mais aussi la manufacture de Saint-Louis, les porcelainiers de Limoges, la faïencerie de Fourmaintraux et même les émaux de Longwy.
Éditions limitées
La dimension industrielle et le développement de la marque sont portés par la famille Faillot qui multiplie les collaborations puis par le Normand Marcel Auvray qui rachète l’entreprise et la délocalise de Courbevoie (Hauts-de-Seine) à Grand-Bourgtheroulde (Eure) en 1975. En édition limitée, la lampe accède même au statut d’objet d’art de collection à tel point que ses différentes variations dans sa forme esthétique reflètent une certaine histoire d’un savoir-faire à la française.
Recommandée par Colette, Cocteau et Picasso
Verre, cristal, céramique, porcelaine, métal… De toutes les formes et de toutes les couleurs, la lampe Berger ne cesse de se réinventer encore aujourd’hui en faisant appel à des designers et artistes de renom, tels que récemment Philippe Starck, Chantal Thomass, Jean-Charles de Castelbajac ou Lolita de Lempicka. « En 2001, pour les mythiques lampes Berger, Madame Chantal Thomass imagine des diffuseurs de parfum en porcelaine peinte à la main. Des pièces en forme d’œuf, livre, religieuse, cœur enrubanné et de bustier corset portant les jolis noms de Cocotte, Belle, Frivole… Des œuvres tout en douceur et féminité quasi unique aujourd’hui que s’arrachent aujourd’hui les collectionneurs et amoureux des Lampes Berger. On peut les admirer au musée Maison Berger dans l’Eure », indique le site internet de la créatrice.
Cette success-story au patrimoine 100 % français (480 000 lampes vendues par an, 5 millions de litres de parfum diffusés dans près de 50 pays pour un chiffre d’affaires de 50 millions d’euros) devient Maison Berger Paris en 2018, désormais propriété d’un fonds d’investissement, et se dote donc d’un musée en 2019 pour raconter cette fabuleuse histoire sur son site de Grand-Bourgtheroulde. Un siècle de créativité à travers plus de 150 modèles emblématiques pour cette lampe iconique qui était recommandée par Colette, Cocteau et Picasso, soucieux d’écarter les odeurs de tabac. Une histoire qui n’a pas fini de s’écrire




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