
Les officinaux sont bons élèves en ce qui concerne le recours au TROD, selon un rapport de la Cour des comptes*. En 2020, 5 000 tests ont été réalisés, un chiffre qui grimpe à 370 000 entre janvier et octobre 2024 dans 14 000 officines sur les 20 000 que compte le réseau, rapporte la Cour. Toutefois, le recours à ces tests doit être plus fréquent. Au regard des 9 millions d’angines enregistrées par an, dont 40 % seraient d’origine bactérienne chez l’enfant, mais pas plus de 25 % chez l’adulte, l’instance invite l’assurance-maladie à poursuivre ses efforts pour inciter les pharmaciens à proposer ces tests, et inviter les patients à se rendre en officine en cas de suspicion d’angine, au lieu de consulter systématiquement un médecin. Le recours massif au TROD répondrait ainsi à la problématique croissante de l’antibiorésistance et à celle du mésusage du médicament, argumentent les Sages.
Instruire l’origine des médicaments non utilisés
Par ailleurs, n’en déplaise à l’exécutif, l’engagement des pharmaciens dans la substitution des génériques et, dans une moindre mesure, des biosimilaires est soulignée dans le rapport comme un levier contribuant à réduire les dépenses de l’organisme payeur. La dispensation à l’unité est par la même occasion brièvement abordée comme possibilité de réduire les dépenses, de contribuer au bon usage et d’alléger l’empreinte écologique, mais « fera l’objet d’un rapport ultérieur de la Cour ». Cette pratique s’inscrit dans un autre grand axe du rapport : la lutte contre le gaspillage. Selon les estimations de la Cour, construites sur la quantité de déchet collectée, entre 561 millions et 1,7 milliard d’euros seraient gaspillés chaque année. « Les modalités actuelles de collecte et de traitement des médicaments non utilisés ne permettent pas non plus d’apporter un éclairage sur les raisons de leur non-utilisation, ce qui permettrait d’identifier des leviers d’actions possibles », regrette les Sages, qui proposent de confier l’investigation des pistes (méconnaissance des usages, conditionnements inadaptés, délais de péremption restreints) à l’éco-organisme Cyclamed.
Pour la campagne de vaccination 2024, 1,5 million de notes de vaccination ont déjà alimenté le DMP
Cap sur l’ordonnance numérique
Autre piste de sécurisation du bon usage des produits de santé : la généralisation du recours aux systèmes d’information. Si l’adhésion du public à Mon espace santé et le Dossier médical partagé (DMP) inclut s’accroît, médecins et pharmaciens n’y ont pas assez recours, s’agace le rapport. Par exemple, s’agissant des notes de vaccination inscrites par les officinaux, « [elles] sont en augmentation mais elles restent encore relativement faibles. Pour la campagne de vaccination 2024, 1,5 million de notes de vaccination ont déjà alimenté le DMP. Le taux de dépôt est certes en nette augmentation par rapport à la campagne 2023, puisqu’il est passé de 25 % à 45 % mais l’adhésion des pharmacies d’officine pour alimenter les DMP pourrait encore être améliorée ». Côté médecins, c’est au niveau des logiciels que le bat blesse. Parmi les 110 000 médecins conventionnés, ils ne sont que 71 600 à disposer de logiciels compatibles et seulement 28 300 déposent des documents dans les DMP. « Près de 70 % des documents d’être déposés par les médecins dans les DMP ne l’ont pas été. »
les prescriptions hospitalières exécutées en ville ont augmenté en moyenne de 10,6 % par an depuis 2019
Constat similaire sur l’ordonnance numérique puisqu’à la fin de l’année 2024, sur les 110 000 médecins généralistes et spécialistes conventionnés, moins de 41 000 disposaient d’un logiciel compatible et moins de 35 000 avaient déjà rédigé une ordonnance numérique. Un élément sur lequel le rapport souligne à nouveau l’implication des officinaux, bien plus proches de l’objectif puisqu’à la fin de l’année 2024 près de 17 000 sur 20 000, soit 83 %, disposaient déjà d’un logiciel adapté et plus de 11 000 avaient déjà exécuté au moins une ordonnance numérique.
La dispensation à l’unité fera l’objet d’un rapport ultérieur de la Cour
Enfin, le rapport revient sur les enjeux du bon usage des produits de santé et notamment sur la très actuelle problématique des dépenses. Ces dernières ont augmenté de 12 % depuis 2019, passant de 32,21 à 36,05 milliards d’euros. En officine, cette hausse est portée par les prescriptions hospitalières exécutées en ville, dont l’augmentation a été en moyenne de 10,6 % par an depuis 2019 pour atteindre 11,7 milliards d’euros en 2023, contre 2,6 % pour les prescriptions de ville.
Le bon usage des produits de santé
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