Le Quotidien du pharmacien.- Comment expliquer de tels écarts au niveau des sanctions judiciaires infligées aux pharmaciens ayant accepté des avantages en nature de la part d’Urgo ?
Me Éric Thiébaut.- Lorsque l’on obtient des décisions favorables, une jurisprudence interne au cabinet se crée, laquelle nous sert ensuite pour d’autres clients. Si un pharmacien a été condamné à une amende équivalente à 30 % du montant des avantages perçus par exemple, il n'y a pas de raison que cela soit différent ailleurs, c'est le principe d'égalité. Les sanctions se négocient parfois en amont avec les procureurs et l’on met en avant des arguments juridiques très précis. Ces arguments sont reproduits dans chaque cas pour arriver aux mêmes décisions. En pratique, cela dit, c'est vrai que l'on a vu tout et son contraire. J'ai eu des abandons de poursuite purs et simples dans un dossier traité par mon cabinet dans le sud de la France. Aux Antilles ou en Corse en revanche, dans des dossiers que je n’ai pas traités, des décisions très sévères ont été rendues. J’ai clairement vu des procureurs qui avaient une perception très différente de ces affaires et ce, pour des faits similaires.
Comment vos clients ont-ils vécu ces événements ?
Psychologiquement, c’est une épreuve très difficile pour eux. Sans compter que certains font face à des redressements fiscaux après leur condamnation. Dans l’un des cas dont j’ai eu la charge, la procureure s'est montrée particulièrement agressive, déclarant que la pharmacienne jugée était une honte pour sa profession. Ma cliente en a pleuré à l’audience. C’est une appréciation qui reste cependant isolée car les parquets sont le plus souvent circonspects. Généralement, le pharmacien ne dort pas la nuit précédente, voire les nuits précédentes. Ils sont jugés avant un individu qui comparait pour des vols à l'étalage et un autre accusé d'état d'ivresse sur la voie publique. Tout le monde les regarde lorsqu’ils viennent au tribunal. Ils dénotent par rapport aux autres prévenus. Aujourd’hui, pour ceux qui ont été condamnés, c’est un sentiment d’injustice qui prédomine, la conviction d’avoir été floué par le laboratoire.
L’image des pharmaciens a-t-elle été injustement écornée dans cette affaire selon vous ?
Les articles parus dans la presse grand public étaient relativement en défaveur des pharmaciens. Il y a eu aussi le cas d'Agnès Firmin Le Bodo (ex-ministre de la Santé, condamnée à 8 000 euros d’amende en partie assorti d’un sursis), qui a contribué à médiatiser cette affaire. Il a été écrit que les pharmaciens avaient bénéficié de cadeaux luxueux, en insistant bien sur cette notion de « luxe » en déconnexion avec la réalité des faits. La presse n'a pas toujours expliqué le contexte, c'est bien Urgo qui a sollicité les pharmaciens et pas l’inverse. De mon point de vue, cette affaire a beaucoup plus nui à l'image des pharmaciens qu'à celle d'Urgo alors que si l'on prend en compte la part de responsabilité cela aurait dû être l'inverse.
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