Le Quotidien du pharmacien.- Quelle place la lutte contre les fraudes occupe-t-elle aujourd’hui dans le quotidien des pharmaciens ?
Valérian Ponsinet.- Les pharmaciens ressentent beaucoup de stress à cause des fraudes. C’est une épée de Damoclès au-dessus d’eux. Quand vous recevez un courrier de l’assurance-maladie vous réclamant plusieurs dizaines, voire centaines, de milliers d’euros d’indus, c’est une épreuve très difficile à vivre. Ces dernières années, le pharmacien a vraiment pris conscience de ce phénomène, il y a eu une vraie remise en question mais être obligé de fliquer le médecin, le patient, ce n’est pas notre travail, c’est celui de l’assurance-maladie. Quand il y a fraude, les responsables sont le prescripteur et le patient, pas le professionnel qui assure la dispensation. Ce que nous voudrions, c’est que le patient soit davantage responsabilisé et surtout que l’on accélère sur le développement de l’ordonnance numérique, c’est le seul dispositif qui permettra de lutter efficacement contre les fraudes.
Des mesures et outils sont déjà en place pour limiter le risque de fraudes, comme ASAFO, quel bilan peut-on en faire ?
L’outil ASAFO, pour les fausses ordonnances, est très chronophage. Les problèmes de casse des lettres (ASAFO ne reconnaît pas comme identique un même nom écrit en majuscule et en minuscule), qui est pourtant un bug informatique très basique, n’ont toujours pas été réglés. Pour que cet outil soit efficace, il faudrait premièrement qu’il soit connecté à nos logiciels métier. Aujourd’hui, le fonctionnement d’ASAFO oblige le pharmacien à venir chercher l’information lui-même. Il faudrait au contraire que ces informations nous soient remontées, que nous recevions une alerte dès que l’on entre le NIR d’un patient déjà associé à un cas de fraude. Récemment, nous avons également appris que l’assurance-maladie prévoyait le déploiement d’un nouveau téléservice à l’automne (voir page 4), cette fois pour l’aide à la détection des atypies de consommation (ADAC). À ce rythme-là, le pharmacien passera bientôt plus de temps sur le portail amelipro que sur son LGO.
Des pharmaciens ont déjà fait part de problèmes avec les formulaires désormais imposés aux médecins pour les prescriptions d’analogues du GLP-1, doit-on s’en inquiéter ?
Nous savons d’ores et déjà que nous allons dans le mur avec ce dispositif. Nous avons en effet eu connaissance de quelques cas de formulaires Cerfa falsifiés, peut-être qu’il y en a plus. Certains fraudeurs ont déjà compris qu’en présentant une attestation falsifiée ils pouvaient réussir à tromper le pharmacien. L’assurance-maladie n’a pas tenu compte des remarques que nous avions faites. Elle nous a dit que les médecins étaient contents alors qu’on voit bien aujourd’hui que cela les agace et que certains refusent même de délivrer ce papier. Sur ce sujet comme sur les autres, on voit bien que l’ordonnance numérique serait le seul dispositif qui pourrait simplifier la donne.
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