Le Quotidien du pharmacien.- Votre association ADOP* a enregistré 596 appels en 2024, soit 6 % de plus qu’un an auparavant. Une augmentation qui est le reflet des difficultés économiques rencontrées par les pharmaciens mais aussi, dans 55 % de la montée de la violence envers les officinaux.
Bruno Bordas.- Je pense que la vulnérabilité des pharmaciens augmente. Qu’elle trouve son origine dans les difficultés économiques ou dans les évolutions sociétales -accroissement des agressions et des incivilités. C’est lié. Un professionnel de santé se respecte. On ne remet pas en question son exercice. On ne négocie pas. C’est un fait que des éléments extérieurs, comme les manquants par exemple, accroissent la pression des patients sur leur pharmacien. Les officinaux nous disent « je ne fais plus le métier que je faisais, je ne me reconnais plus dans ce que je fais ». Par ailleurs, ces incivilités, ces agressions, ces remarques au comptoir usent, épuisent les pharmaciens et leurs équipes. C’est ce qui incite nos confrères à s’adresser à nous. Car, à titre personnel, j’estime que le premier niveau de l’agression, c’est nous forcer à faire quelque chose que nous refusons de faire, c’est nous obliger à exercer notre métier d’une manière que nous ne voulons pas. L’agression, c’est à chaque fois que le gardien des poisons est menacé.
ADOP propose une solution inédite, celle de l’écoute d’un pharmacien en détresse par l’un de ses pairs. La réponse est-elle suffisante aujourd’hui ?
L’écoute « anonyme » par un autre pharmacien « confrère de soutien » est essentielle. Car elle permet une compréhension immédiate sur les préoccupations du métier, les problèmes de manquants, de personnels ou encore de non-respect au comptoir… Nous souhaitons cependant améliorer en continu la formation de nos « confrères de soutien » et parallèlement, allonger la liste de professionnels ressources (psychologues, médecins, experts-comptables, juristes…) vers lesquels nous pouvons orienter notre interlocuteur, que ce soit le titulaire, l’adjoint, le préparateur ou encore un membre de l’entourage.
Le nombre d’agressions et leur intensité semblant s’accroître au cours des dernières semaines, pensez-vous que l’accent doive également être mis sur la prévention ?
Tout à fait. Et ce à plusieurs niveaux. Encore trop souvent la gendarmerie minimise l’affaire lorsque des femmes portent plainte. Il faut absolument sensibiliser les forces de l’ordre. Par ailleurs, les pharmaciens victimes doivent se porter partie civile au même titre que l’Ordre. Il ne faut pas craindre de sur déclarations car il est possible de recouper les dossiers. Enfin, ADOP est partenaire de la faculté d’Angers dans la création d’une formation DPC « formation incivilités agressivité ». Cette formation a pour objectif de mieux préparer les acteurs de la pharmacie à ces risques.
*Numéro vert 0800 736 959 accessible de 6h à minuit, 7 jours sur 7
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