Interview – Comment je suis devenu prescripteur d’antipaludéens

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Publié le 05/12/2024
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Depuis mai, Renaud Bourdin prescrit des antipaludéens ainsi que les vaccins du voyageur et administre ceux-ci à la population de Narbonne (Aude) où il est titulaire et bien au-delà. Une nouvelle tâche que s’est adjoint ce partisan de la vaccination et ce passionné de nouvelles missions officinales.

Renaud Bourdin

Renaud Bourdin
Crédit photo : DR

Le Quotidien du pharmacien.- Quelle a été le point de départ de cette prise en charge de la prévention du voyageur dans votre officine ?

Renaud Bourdin.- Je suis un fervent promoteur de la vaccination et j’ai toujours prôné le « sans rendez-vous ». Il s’est avéré que le centre des vaccinations publiques et internationales (CVI) de Narbonne, qui propose deux matinées par semaine, était engorgé. Ayant eu connaissance de cette situation par la directrice, j’étais très frustré de ne pouvoir lui venir en aide d’autant que j’avais lu que cette prise en charge est possible au Québec. Et puis j’ai appris qu’il était possible de mettre en place ce service en France, de manière locale, à condition qu’il rentre dans un protocole de coopération. Je me suis rapproché de Valneva et me suis mis à la rédaction du protocole de prévention du voyageur en lien avec les deux médecins de ma Maison de santé pluridisciplinaire (MSP). L’ARS a validé en avril et tous les trois nous avons été formés par la directrice du CVI. Lors de cette consultation, facturée 20 euros, je conseille le voyageur, prépare sa trousse à pharmacie, je lui prescris et délivre des antipaludéens ainsi que tous les vaccins du voyageur. À l’exception de la fièvre jaune, mais j’espère que cela va changer car il n’y a pas de raison…

Quel retentissement cette « consultation de préparation au voyage incluant le conseil, la prescription et l’administration de vaccins et la prescription d’une chimioprophylaxie antipaludique » a-t-elle eu auprès de la population ?

J’exerce dans un quartier de mixité sociale, cosmopolite et de nombreux habitants retournant au pays ou allant en pèlerinage à La Mecque ont besoin d’être vaccinés pour effectuer ces voyages. De même, les CVI quand ils sont surchargés m’envoient des patients. Pas seulement celui de Narbonne mais aussi ceux de Montpellier, de Toulouse et même de Lyon ! Je débloque la situation. J’ai tous les vaccins en stocks. Enfin, nous sommes en train de refaire la pharmacie et l’année prochaine cette nouvelle mission sera écrite en grosses lettres sur la vitrine.

En quoi ce nouveau service a-t-il changé votre exercice professionnel ?

Mon équipe - vingt salariés — et tout particulièrement mes deux adjoints, sont très fiers de cette nouvelle mission. Moi-même, je suis ravi d’avoir pu la mettre en place et par ce protocole, avoir apporté ma pierre à l’édifice. Personnellement, j’estime qu’il faut tirer la profession par le haut en proposant de nouvelles missions. J’aide les pharmaciens à se lancer dans la vaccination et maintenant, je suis appelé par des confrères auxquels je communique mon protocole sur la vaccination du voyageur. J’ai envie de partager.

Propos recueillis par Marie Bonte

Source : Le Quotidien du Pharmacien